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L’affacturage international : cadre légal et aspects pratiques

Table des matières

L’affacturage international répond aux besoins croissants des entreprises exportatrices. Il sécurise leurs opérations transfrontalières tout en optimisant leur trésorerie. Son cadre juridique, plus complexe que celui de l’affacturage domestique, mérite une analyse approfondie pour en maîtriser les subtilités et les risques.

Cadre légal de l’affacturage international

La Convention d’Ottawa de 1988

La Convention d’Ottawa du 28 mai 1988 constitue le texte fondateur du droit uniforme de l’affacturage international. Entrée en vigueur en France le 1er mai 1995, elle définit son champ d’application à travers deux critères :

  1. Critère matériel : L’article 1er définit le contrat d’affacturage comme celui par lequel le fournisseur cède des créances nées de contrats de vente de marchandises ou de prestations de services, et où le cessionnaire prend en charge au moins deux des fonctions suivantes :
    • Financement du fournisseur
    • Tenue des comptes
    • Encaissement des créances
    • Protection contre la défaillance des débiteurs
  2. Critère d’internationalité : La Convention s’applique uniquement aux opérations où le fournisseur et le débiteur ont leur établissement dans des États différents, sous réserve que ces États soient contractants ou que le contrat soit régi par la loi d’un État contractant.

Cette convention reste d’application supplétive, comme le précise son article 3. Les parties peuvent donc l’écarter ou la modifier conventionnellement.

Pour une compréhension globale de ce mécanisme, notre guide sur l’affacturage présente les principes fondamentaux de cette technique de financement.

La Convention CNUDCI sur la cession de créances

La Convention CNUDCI (Commission des Nations Unies pour le droit commercial international) sur la cession de créances internationales adoptée le 12 décembre 2001 complète le cadre juridique. Elle vise à harmoniser le droit international en matière de cession de créances et s’applique à l’affacturage.

Ses principales innovations concernent :

  • La validité des cessions globales de créances futures
  • Le transfert automatique des sûretés
  • La validité des clauses d’incessibilité

Ces règles matérielles uniformes réduisent l’insécurité juridique inhérente aux opérations transfrontalières. Elles facilitent ainsi le développement de l’affacturage international.

Droit européen et législations nationales

Le droit européen n’a pas harmonisé spécifiquement l’affacturage. Chaque pays applique ses propres règles nationales. Cette diversité génère des difficultés juridiques lorsque l’opération implique plusieurs pays.

Les principales divergences concernent :

  • Les mécanismes de transfert des créances
  • Les formalités d’opposabilité aux tiers
  • L’étendue du transfert des accessoires
  • Le traitement des clauses d’incessibilité

Ces disparités exigent une attention particulière lors de la rédaction des contrats internationaux, comme l’explique notre article sur les conventions-cadres d’affacturage.

Mécanismes spécifiques de l’affacturage international

Le système des chaînes interfactors

L’affacturage international repose généralement sur une collaboration entre deux factors :

  • Le factor export, situé dans le pays du fournisseur
  • Le factor import, établi dans le pays du débiteur

Cette organisation bipartite, connue sous le nom de « chaîne interfactors », permet une répartition efficace des rôles :

  1. Le factor export contracte avec le vendeur et lui verse le financement
  2. Le factor import évalue la solvabilité des acheteurs locaux et gère le recouvrement

Cette structure présente plusieurs avantages :

  • Connaissance du marché local et des débiteurs
  • Maîtrise de la législation du pays importateur
  • Réduction des coûts de recouvrement
  • Optimisation de la gestion du risque

Les principales chaînes interfactors sont regroupées au sein de réseaux internationaux comme Factors Chain International (FCI).

Les formules contractuelles spécifiques

L’affacturage international propose plusieurs variantes adaptées aux besoins des exportateurs :

  1. Two-factors system : Implique un factor export et un factor import, chacun assumant les risques de son marché.
  2. Direct export factoring : Le factor du pays exportateur gère l’ensemble de l’opération sans intermédiaire local.
  3. Import factoring : Le factor du pays importateur assure seul l’opération.
  4. Affacturage confidentiel international : L’acheteur n’est pas informé de la cession, utile pour préserver certaines relations commerciales sensibles.

Ces formules présentent des implications juridiques différentes, notamment en termes d’opposabilité des exceptions, comme détaillé dans notre article sur l’opposabilité des exceptions en affacturage.

Enjeux opérationnels et financiers

L’affacturage international génère des enjeux pratiques spécifiques :

  1. Coût plus élevé : La structure à deux factors et les risques supplémentaires augmentent les commissions (généralement entre 0,5% et 3% du montant des créances).
  2. Délais de traitement : La communication entre factors peut rallonger les délais de financement.
  3. Documentation complexe : Les contrats impliquent davantage de parties et doivent prendre en compte plusieurs systèmes juridiques.
  4. Gestion des devises : Le risque de change constitue une variable supplémentaire à considérer.

Notre cabinet accompagne régulièrement les entreprises dans la mise en place de solutions d’affacturage international adaptées à leurs besoins spécifiques.

Enjeux juridiques particuliers

Loi applicable et juridiction compétente

La détermination de la loi applicable et de la juridiction compétente revêt une importance cruciale. En l’absence de convention internationale applicable, les règles de droit international privé s’appliquent.

Plusieurs solutions existent :

  • Choix exprès de la loi applicable dans le contrat
  • Application des règles de conflits de lois (Règlement Rome I en Europe)
  • Recours à l’arbitrage international

La multiplicité des contrats (vente, transport, affacturage) complique la question. Chaque relation contractuelle peut être soumise à une loi différente.

Transfert des sûretés et garanties

Le transfert des sûretés attachées aux créances cédées constitue un enjeu majeur. La Convention CNUDCI prévoit le transfert automatique des garanties, contrairement à la Convention d’Ottawa qui requiert une stipulation expresse.

Cette question reste largement dépendante des droits nationaux et peut soulever des difficultés pratiques importantes. Une analyse préalable des mécanismes juridiques applicables s’avère nécessaire, comme l’explique notre article sur les mécanismes juridiques de l’affacturage.

Opposabilité des exceptions en contexte international

L’opposabilité des exceptions prend une dimension particulière dans l’affacturage international. L’article 9 de la Convention d’Ottawa permet au débiteur d’invoquer :

  • Tous les moyens de défense dérivant du contrat de vente
  • Tout droit à compensation existant avant la notification de la cession

Cette règle diffère des solutions nationales et peut créer des surprises juridiques. Les débiteurs conservent généralement plus de droits que dans un contexte purement domestique.

Les litiges commerciaux internationaux ajoutent une complexité supplémentaire, avec des questions de notification transfrontalière et de preuve conformes aux différentes législations nationales.

Impact des procédures d’insolvabilité internationales

La faillite d’une partie complexifie considérablement la situation juridique. Les règles d’insolvabilité varient fortement d’un pays à l’autre concernant :

  • La validité des transferts de créances en période suspecte
  • Les droits des créanciers étrangers
  • La reconnaissance des décisions judiciaires étrangères
  • Les priorités de paiement

Ces questions relèvent du droit des procédures collectives dans un contexte international, domaine particulièrement complexe nécessitant une expertise spécifique.

Conflits potentiels avec d’autres mécanismes juridiques

L’affacturage international peut entrer en conflit avec :

  • Les crédits documentaires
  • L’assurance-crédit export
  • Les garanties à première demande
  • Les réserves de propriété internationales

Ces conflits nécessitent une analyse attentive et une coordination entre les différents instruments juridiques utilisés. La résolution de ces conflits entre l’affactureur et les tiers exige souvent une approche juridique sur mesure.

Conclusion

L’affacturage international offre un cadre sécurisé pour les opérations d’export, mais implique des complexités juridiques significatives. La multiplicité des systèmes juridiques, l’articulation entre conventions internationales et droits nationaux, et la structure à deux factors créent un environnement juridique exigeant. Pour sécuriser vos opérations d’affacturage international et bénéficier d’un accompagnement expert, notre cabinet se tient à votre disposition.

Sources

  • Convention d’Ottawa du 28 mai 1988 sur l’affacturage international
  • Convention CNUDCI du 12 décembre 2001 sur la cession de créances internationales
  • Règlement (CE) n° 593/2008 du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles (Rome I)
  • Code de commerce français, articles L. 313-23 à L. 313-35

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