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Le taux annuel effectif global (TAEG) en crédit immobilier : calcul, vérification et contentieux

Table des matières

Le Taux Annuel Effectif Global, plus connu sous l’acronyme TAEG, est un élément central de toute offre de crédit immobilier. Il représente le coût total du prêt pour l’emprunteur, exprimé en pourcentage annuel du montant emprunté. Comprendre sa composition, savoir le vérifier et connaître les recours en cas d’erreur est fondamental pour tout emprunteur souhaitant s’engager de manière éclairée. Cet indicateur standardisé permet de comparer les différentes offres de prêt sur une base homogène, allant au-delà du simple taux d’intérêt nominal. Sa correcte détermination est une obligation légale pour le prêteur, garante de la transparence de l’opération.

Définition et composition du TAEG

Le TAEG a pour objectif de refléter le coût réel du crédit pour l’emprunteur. Il ne se limite pas aux seuls intérêts bancaires (le taux nominal), mais englobe une part significative des frais annexes liés à l’octroi du prêt.

Les éléments inclus dans le calcul

Conformément aux articles L. 314-1 et suivants du Code de la consommation, le calcul du TAEG doit intégrer tous les coûts obligatoires pour obtenir le crédit aux conditions annoncées. Cela comprend typiquement :

  • Les intérêts bancaires : calculés sur la base du taux nominal du prêt.
  • Les frais de dossier : perçus par la banque pour l’étude et le montage du financement.
  • Les frais payés ou dus à des intermédiaires : si vous passez par un courtier en crédit immobilier, par exemple, et que sa rémunération est une condition d’octroi du prêt par la banque.
  • Les coûts d’assurance et de garanties obligatoires :
    • L’assurance emprunteur (décès-invalidité) si elle est exigée par la banque pour accorder le prêt. Le coût pris en compte est celui de l’assurance choisie, qu’il s’agisse du contrat groupe de la banque ou d’une délégation d’assurance externe.
    • Le coût de la garantie du prêt (hypothèque, privilège de prêteur de deniers, cautionnement par un organisme spécialisé).
  • Les frais d’ouverture et de tenue d’un compte spécifique : si l’ouverture et la tenue de ce compte sont imposées pour obtenir le crédit.
  • Le coût de l’évaluation du bien immobilier : si cette évaluation est exigée par le prêteur (hors frais d’enregistrement liés au transfert de propriété).

Cette liste, précisée par l’article R. 314-4 du Code de la consommation, vise à assurer une vision complète des dépenses conditionnant l’obtention du financement.

Les éléments exclus du calcul

Certains frais, bien que liés à l’opération immobilière globale, ne sont pas intégrés dans le calcul du TAEG. L’article R. 314-5 du Code de la consommation exclut notamment :

  • Les frais liés à l’acquisition de l’immeuble : comme les droits de mutation (souvent appelés à tort « frais de notaire ») et les taxes afférentes.
  • Les frais d’acte notarié : liés à l’établissement de l’acte de vente et de l’éventuelle garantie hypothécaire.
  • Les frais à la charge de l’emprunteur en cas de non-respect de ses obligations : pénalités de retard, frais de recouvrement, etc.
  • Les coûts d’assurance ou de garanties facultatives : non exigées par le prêteur pour l’octroi du crédit.

Il est donc important de distinguer les frais liés directement à l’obtention du crédit (inclus dans le TAEG) de ceux liés à l’acquisition immobilière elle-même (exclus du TAEG).

Les obligations d’information du prêteur concernant le TAEG

La loi impose au prêteur une obligation d’information claire et précise sur le TAEG, et ce dès la phase précontractuelle.

  • Publicité : Toute publicité comportant un taux d’intérêt ou des chiffres relatifs au coût du crédit doit mentionner le TAEG (article L. 313-4 du Code de la consommation).
  • Fiche d’Information Standardisée Européenne (FISE) : Ce document, remis obligatoirement avant l’offre de prêt, doit indiquer le TAEG et détailler les éléments pris en compte dans son calcul (article L. 313-7).
  • Offre de prêt : L’offre écrite, formalisée selon l’article L. 313-25, doit impérativement mentionner le TAEG ainsi que le coût total du crédit.

Ces obligations visent à permettre à l’emprunteur de comparer efficacement les offres et de comprendre l’engagement financier réel. La réglementation issue de la transposition de la directive européenne de 2014, applicable depuis 2016, a renforcé ces exigences. Pour une vue d’ensemble des changements apportés par cette réforme, vous pouvez consulter notre guide complet sur le crédit immobilier post-réforme 2016.

La vérification du TAEG

Malgré le cadre légal strict, des erreurs dans le calcul du TAEG peuvent survenir. Il est utile pour l’emprunteur de savoir comment les suspecter et quelles sont les erreurs les plus fréquentes.

Les erreurs fréquentes

Les erreurs les plus couramment rencontrées dans le calcul du TAEG par les établissements prêteurs incluent :

  • L’omission de certains frais obligatoires : Oubli d’intégrer les frais de garantie (caution, hypothèque), le coût de l’assurance emprunteur obligatoire, les frais de courtage conditionnant le prêt, ou encore les frais liés à la tenue d’un compte imposé.
  • Une méthode de calcul incorrecte :
    • Erreur sur la base de calcul de l’année civile (l’année « lombarde » de 360 jours est proscrite, le calcul doit se faire sur 365 ou 366 jours).
    • Application incorrecte de la formule mathématique de calcul actuariel définie par le Code de la consommation.
    • Mauvaise prise en compte des périodes (mensualités, trimestrialités…).
  • L’arrondi incorrect du taux : Le TAEG doit être calculé avec une précision suffisante, et un arrondi excessif peut masquer un dépassement du taux d’usure ou fausser la comparaison.
  • Non-prise en compte de la souscription obligatoire de parts sociales : Dans certains établissements mutualistes, la souscription de parts sociales peut être une condition d’octroi du prêt et doit donc être incluse si elle génère un coût pour l’emprunteur.

Ces erreurs, qu’elles soient intentionnelles ou non, peuvent avoir des conséquences financières significatives pour l’emprunteur.

Comment l’emprunteur peut-il suspecter une erreur ?

Il n’est pas toujours aisé pour un non-professionnel de déceler une erreur de TAEG. Cependant, certains indices peuvent alerter :

  • Un décalage important entre le taux nominal et le TAEG annoncé : Si le TAEG semble très proche du taux nominal alors que des frais de dossier, d’assurance et de garantie sont mentionnés, cela peut indiquer une omission.
  • La mention de frais obligatoires dans les conditions générales ou particulières qui ne semblent pas reflétés dans le TAEG.
  • La comparaison avec d’autres offres : Si une offre présente un TAEG significativement plus bas que des offres concurrentes pour un taux nominal similaire, une vérification peut être utile (ou inversement, un TAEG anormalement élevé).
  • L’utilisation d’une année de 360 jours : Bien que plus rare aujourd’hui, vérifier la base de calcul de l’année peut être pertinent.

En cas de doute sérieux, il est conseillé de faire analyser l’offre de prêt ou le contrat par un expert ou un avocat. Une analyse mathématique et juridique approfondie permet de confirmer ou d’infirmer la présence d’une erreur.

Le contentieux lié au TAEG erroné

Si une erreur de TAEG est avérée, l’emprunteur dispose de voies de recours pour faire valoir ses droits. Le contentieux en la matière vise principalement à obtenir la sanction du prêteur fautif.

Les sanctions applicables

La principale sanction civile en cas de TAEG erroné ou omis dans l’offre de prêt est la déchéance du droit aux intérêts pour le prêteur. Cette sanction est prévue par l’article L. 341-48 du Code de la consommation (pour les contrats conclus après le 1er juillet 2016, et des dispositions similaires s’appliquaient antérieurement).

  • Nature de la sanction : La déchéance signifie que le prêteur perd le droit de percevoir les intérêts conventionnels prévus au contrat. L’emprunteur ne sera alors tenu qu’au remboursement du capital emprunté, selon l’échéancier initialement prévu.
  • Portée de la sanction : Le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation. Il peut prononcer la déchéance totale ou partielle des intérêts. La loi précise que le juge fixe cette proportion « au regard notamment du préjudice subi par l’emprunteur ». Ainsi, une erreur minime n’entraînera pas nécessairement une déchéance totale.
  • Conséquences pratiques : Si la déchéance est prononcée, les sommes déjà versées par l’emprunteur au titre des intérêts conventionnels doivent lui être restituées ou imputées sur le capital restant dû. Cela peut représenter des économies considérables pour l’emprunteur, en particulier sur des prêts de longue durée.
  • Alternative historique (contrats anciens) : Pour certains contrats très anciens, la jurisprudence a pu appliquer la nullité de la stipulation d’intérêts, entraînant la substitution du taux d’intérêt légal (souvent moins avantageux que la déchéance totale). Cependant, la déchéance est la sanction désormais clairement établie par les textes récents pour les erreurs de TAEG.

Il est possible d’envisager les sanctions des manquements du prêteur de manière plus large, le TAEG erroné étant une des fautes possibles.

Les délais pour agir

L’action en justice visant à faire sanctionner un TAEG erroné est soumise à un délai de prescription.

  • Délai de prescription : L’action de l’emprunteur se prescrit par cinq ans (article 2224 du Code civil).
  • Point de départ du délai : C’est le point le plus débattu. La jurisprudence considère majoritairement que le délai court à compter du jour où l’emprunteur a connu ou aurait dû connaître l’erreur affectant le TAEG.
    • Si l’erreur est décelable à la simple lecture de l’offre de prêt (par exemple, une contradiction évidente ou l’omission d’un frais mentionné ailleurs dans l’acte), le délai court dès la conclusion du contrat.
    • Si l’erreur nécessite une analyse plus complexe (calculs mathématiques, vérification des frais réellement inclus), le point de départ peut être reporté au jour où l’emprunteur a eu connaissance de l’erreur, par exemple suite à une analyse de son contrat par un professionnel.

La détermination précise du point de départ est essentielle et dépend des circonstances de chaque dossier. Agir rapidement après avoir suspecté une erreur est donc recommandé pour préserver ses droits.

Le TAEG est bien plus qu’un simple pourcentage. C’est un outil essentiel de transparence et de protection pour l’emprunteur en matière de crédit immobilier. Son calcul rigoureux est une obligation pour le prêteur, et sa vérification peut s’avérer judicieuse pour l’emprunteur. En cas d’erreur avérée, les sanctions peuvent être significatives, soulignant l’importance d’un TAEG exact pour la validité et l’équilibre du contrat de prêt.

Si vous avez des doutes sur le TAEG de votre prêt immobilier ou si vous souhaitez une analyse approfondie de votre contrat, n’hésitez pas à contacter notre cabinet d’avocats.

Sources

  • Code de la consommation : Articles L. 313-1 et suivants (champ d’application), L. 314-1 à L. 314-5 (définition et calcul du TAEG), L. 313-7 (FISE), L. 313-25 (contenu de l’offre), L. 341-48 (sanction de la déchéance du droit aux intérêts).
  • Code civil : Article 2224 (délai de prescription de droit commun).
  • Ordonnance n° 2016-351 du 25 mars 2016 sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers à usage d’habitation.
  • Directive 2014/17/UE du Parlement européen et du Conseil du 4 février 2014 sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers à usage résidentiel.

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