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Comprendre la concurrence déloyale : les bases pour protéger votre entreprise

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La compétition économique est le moteur de l’innovation et profite souvent au consommateur. Chaque entreprise cherche légitimement à attirer et fidéliser sa clientèle, parfois au détriment de ses rivaux. C’est le jeu normal de la concurrence. Mais jusqu’où cette compétition peut-elle aller ? Existe-t-il des règles à ne pas franchir dans la course aux parts de marché ? La réponse est oui. Lorsque la rivalité dépasse les bornes de la loyauté et des usages honnêtes, on entre dans le champ de la concurrence déloyale. Il ne s’agit plus alors d’une compétition saine, mais d’un abus préjudiciable. Pour tout entrepreneur, comprendre les contours de la concurrence déloyale est fondamental pour savoir comment protéger son activité et comment réagir si l’on en est victime. Il est également utile de la distinguer de l’obligation de non-concurrence. Cet article pose les bases : le principe de liberté, son nécessaire encadrement par la loyauté, et le fondement juridique simple qui permet de sanctionner les abus.

La liberté de la concurrence : un principe fondamental, mais pas absolu

Le droit français repose sur un principe essentiel hérité de la Révolution : la liberté du commerce et de l’industrie. Consacré par le fameux décret d’Allarde de 1791, il signifie que chacun est libre d’entreprendre l’activité économique de son choix et de l’exercer comme il l’entend. Cette liberté fondamentale, reconnue même par le Conseil constitutionnel, a un corollaire tout aussi important : la liberté de la concurrence.

Concrètement, cela veut dire que vous avez le droit de chercher à attirer les clients de vos concurrents. La clientèle n’appartient à personne en propre ; elle est, comme le disait un juriste, « à qui sait la conquérir et la prendre ». Le fait de perdre des clients au profit d’un rival plus performant, plus innovant ou simplement moins cher, ne constitue pas, en soi, une faute. C’est la dure mais nécessaire loi du marché. Cette liberté de compétition est même encouragée, car elle pousse les entreprises à s’améliorer constamment, au bénéfice final des consommateurs qui profitent d’une offre plus variée et compétitive. Les tribunaux rappellent régulièrement ce principe : attirer la clientèle d’un concurrent est permis.

Toutefois, cette liberté n’est pas un blanc-seing pour tous les coups. Elle s’arrête là où commence la déloyauté. Si vous pouvez chercher à gagner des clients, vous ne pouvez pas le faire par n’importe quel moyen. La compétition doit rester loyale et se conformer à ce que l’on appelle les « usages honnêtes » du commerce ou, plus simplement, à une certaine éthique des affaires. Imaginez une course : les coureurs ont le droit de se dépasser, d’accélérer, mais pas de faire un croche-pied à un adversaire ou de prendre un raccourci interdit. En économie, c’est pareil. Les manœuvres déloyales faussent le jeu et nuisent à l’équilibre du marché.

Pourquoi cette limite est-elle si importante ? Sans une exigence de loyauté, la confiance disparaîtrait. Les entreprises hésiteraient à investir, à innover, si leurs efforts pouvaient être impunément copiés ou discrédités par des concurrents peu scrupuleux. La concurrence déloyale, si elle n’était pas sanctionnée, finirait par nuire à l’efficacité économique globale et découragerait les acteurs honnêtes. C’est pour préserver un environnement d’affaires sain et équitable que le droit intervient pour sanctionner les comportements qui dépassent les bornes.

Le fondement juridique de l’action : la responsabilité civile pour faute

Contrairement à d’autres domaines du droit des affaires, il n’existe pas en France de « Code de la concurrence déloyale » qui listerait précisément tous les actes interdits. La raison est simple : l’inventivité humaine en matière de pratiques commerciales, loyales ou non, est sans limite. Une liste serait vite dépassée. C’est donc principalement aux tribunaux qu’il revient de déterminer, au cas par cas, si un comportement est déloyal ou non. On parle d’une construction « prétorienne », c’est-à-dire bâtie par les juges au fil des décisions.

Sur quelle base légale les juges se fondent-ils alors ? La réponse est étonnamment simple et repose sur un pilier du droit civil français : la responsabilité civile pour faute. C’est l’article 1240 du Code civil (l’ancien et célèbre article 1382) qui est systématiquement visé par les tribunaux dans les affaires de concurrence déloyale. Que dit cet article ? « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »  

  1. Il faut une faute : un comportement qui s’écarte de la norme attendue, un manquement à l’obligation de loyauté.
  2. Il faut un dommage : un préjudice subi par la victime (perte de clients, atteinte à l’image, etc.).
  3. Il faut un lien de causalité : le dommage doit être la conséquence directe de la faute.

Ces trois éléments devront être prouvés par celui qui se prétend victime (nous détaillerons cela dans un prochain article, y compris les sanctions et procédures). Ce qui est fondamental de comprendre ici, c’est que le système repose sur la notion de faute. Sans faute prouvée, même si un concurrent vous cause du tort, il n’y aura pas de concurrence déloyale au sens juridique.

Un point mérite d’être souligné : la nature de la faute. Pendant longtemps, on a pu penser que la « déloyauté » impliquait une intention de nuire, une mauvaise foi manifeste. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La jurisprudence est très claire : une simple faute de négligence ou d’imprudence peut suffire à caractériser la concurrence déloyale. Par exemple, si vous lancez un nouveau produit avec un packaging très proche de celui d’un concurrent sans avoir vérifié au préalable, créant ainsi une confusion pour les clients, vous pourriez être jugé fautif même si vous n’aviez pas l’intention de copier délibérément. L’obligation de diligence et de prudence dans la compétition économique est donc réelle.

Pourquoi identifier la concurrence déloyale est essentiel pour votre activité ?

Pour un chef d’entreprise, un artisan, un professionnel libéral, être vigilant sur les questions de concurrence déloyale n’est pas un luxe, mais une nécessité. Pourquoi ?

Premièrement, il s’agit de protéger vos actifs les plus précieux. Votre clientèle, patiemment construite, votre image de marque, forgée par vos efforts de communication et la qualité de vos prestations, votre savoir-faire unique, fruit de vos investissements en recherche et développement… tout cela constitue une valeur économique considérable. La concurrence déloyale peut venir menacer directement ces actifs, en détournant vos clients par la confusion ou le dénigrement, en banalisant votre image par le parasitisme, ou en pillant votre savoir-faire par l’espionnage ou le débauchage ciblé.

Deuxièmement, reconnaître les pratiques déloyales permet de lutter pour des conditions de concurrence équitables sur votre marché. Si un concurrent s’affranchit des règles (fiscales, sociales, environnementales) ou utilise des méthodes trompeuses, il bénéficie d’un avantage indu qui fausse la compétition pour tous les acteurs respectueux des règles. Agir contre la concurrence déloyale, c’est aussi défendre un environnement d’affaires plus sain pour l’ensemble de votre secteur.

Troisièmement, ignorer ou subir sans réagir des actes de concurrence déloyale peut affaiblir durablement votre entreprise. Une perte de clientèle non endiguée, une image de marque écornée, une innovation copiée avant même d’être rentabilisée… les conséquences peuvent être graves et mettre en péril la pérennité de votre activité.

Enfin, savoir identifier une situation potentielle de concurrence déloyale est la première étape pour décider d’agir et de consulter un avocat. Un professionnel du droit pourra analyser précisément les faits, évaluer les chances de succès d’une action, vous conseiller sur la stratégie à adopter (négociation, référé, action au fond) et vous accompagner pour rassembler les preuves nécessaires. L’intervention d’un avocat est souvent déterminante pour faire cesser le trouble et obtenir une juste réparation du préjudice subi. On imagine aisément l’inquiétude et le sentiment d’injustice que peuvent provoquer ces situations ; un accompagnement juridique adapté permet d’y faire face plus sereinement et efficacement.

La concurrence est une réalité économique incontournable. Mais elle doit se dérouler dans un cadre loyal. Comprendre les bases de la concurrence déloyale, savoir qu’elle repose sur la notion simple de faute civile et qu’elle vise à protéger vos efforts et votre entreprise, est une première étape essentielle pour naviguer avec succès dans le monde des affaires.

Si vous pensez être victime de pratiques déloyales de la part d’un concurrent, notre cabinet peut vous aider à évaluer la situation et à défendre efficacement vos intérêts. Contactez-nous pour une première analyse et un accompagnement juridique.

Sources

  • Code civil : Article 1240 (ancien article 1382), Article 1241 (ancien article 1383).
  • Décret d’Allarde des 2-17 mars 1791 (mention historique pour la liberté du commerce et de l’industrie).
  • Convention d’Union de Paris pour la protection de la propriété industrielle : Article 10 bis (mention pour la définition internationale).

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