Introduction en bourse : le guide juridique complet pour les entreprises

Table des matières

L’introduction en bourse, ou IPO (Initial Public Offering), représente une étape transformatrice pour une entreprise, lui ouvrant l’accès aux marchés de capitaux. Loin d’être une simple opération financière, il s’agit d’un processus juridique complexe, exigeant une préparation méticuleuse et l’intervention de nombreux acteurs. Cet article a pour but de vous fournir une vue d’ensemble des grandes étapes et des enjeux juridiques de ce projet d’envergure, dont les aspects plus techniques sont détaillés dans nos publications dédiées. Solent Avocats dispose d’une pratique reconnue en droit bancaire et financier pour accompagner les sociétés dans de telles opérations.

Comprendre l’introduction en bourse : définition et enjeux

Qu’est-ce qu’une introduction en bourse (IPO) ?

Une introduction en bourse est l’opération par laquelle une entreprise offre pour la première fois ses titres de capital (actions) au public sur un marché financier. En devenant une société cotée, elle ouvre son capital à de nouveaux investisseurs et soumet ses titres à une négociation continue sur un marché réglementé (comme Euronext) ou un système multilatéral de négociation (comme Euronext Growth, anciennement Alternext).

Pourquoi s’introduire en bourse ? Objectifs et avantages

La décision de s’introduire en bourse répond à plusieurs objectifs stratégiques. Le plus évident est la levée de fonds pour financer la croissance, qu’il s’agisse d’investissements, de développement international ou de projets de recherche. L’IPO permet également de créer une nouvelle « monnaie d’échange » : les actions cotées peuvent être utilisées pour de futures opérations d’acquisition. Au-delà de l’aspect financier, la cotation accroît la notoriété et la crédibilité de l’entreprise. Enfin, elle offre une liquidité aux actionnaires historiques, tels que les fondateurs ou les fonds de capital-investissement, qui peuvent ainsi céder une partie de leur participation.

Les cycles boursiers et la performance post-IPO (court et long terme)

Le succès d’une IPO est fortement lié à la conjoncture économique. Les entreprises choisissent généralement des périodes de marchés haussiers pour lancer leur projet, afin de maximiser leurs chances de succès. La performance des titres après l’introduction présente souvent deux phénomènes distincts. À court terme, on observe fréquemment une sous-évaluation du prix d’offre, ou « underpricing » : le cours de l’action augmente significativement dès les premiers jours de cotation. À plus long terme, de nombreuses études constatent une tendance à la sous-performance des titres par rapport au reste du marché, un risque que tout investisseur doit considérer.

La préparation juridique de la société émettrice

Adaptation de la structure juridique (forme sociale, clauses statutaires)

Avant même d’envisager une cotation, la société doit s’assurer que sa structure juridique est compatible avec les exigences des marchés. La forme de société anonyme (SA) ou de société en commandite par actions (SCA) est quasi-impérative. La société par actions simplifiée (SAS), bien que très répandue, ne peut pas faire admettre ses actions sur un marché réglementé. Une transformation peut donc s’avérer nécessaire. Par ailleurs, les statuts doivent être audités pour supprimer toute clause restreignant la libre circulation des titres, comme une clause d’agrément, qui est incompatible avec le principe de négociabilité sur un marché.

La levée de fonds : augmentation de capital et suppression du DPS

L’IPO s’accompagne presque systématiquement d’une augmentation de capital. Pour permettre l’entrée de nouveaux investisseurs, l’assemblée générale extraordinaire doit décider de supprimer le droit préférentiel de souscription (DPS) des actionnaires existants. Cette décision, encadrée par des rapports du conseil d’administration et du commissaire aux comptes, est un prérequis indispensable pour ouvrir le capital au public et assurer une diffusion suffisante des titres.

Le rôle des intermédiaires financiers et des conseils

Banquier introducteur et listing sponsor : missions et responsabilités

L’entreprise ne mène pas seule son projet d’IPO. Elle est accompagnée par un banquier introducteur, souvent une banque d’investissement, qui agit comme chef de file de l’opération. Il conseille la société sur la structuration, réalise l’évaluation financière et coordonne le placement des titres. Sa responsabilité est engagée, notamment dans son devoir de conseil sur l’opportunité et les chances de succès de l’opération. Sur les marchés non réglementés comme Euronext Growth, l’intervention d’un « listing sponsor » est requise. Ce partenaire agréé assiste l’entreprise dans la préparation de son admission et veille au respect de ses obligations post-cotation.

Les autres conseils : avocats, auditeurs, agences de communication

Une introduction en bourse mobilise une équipe complète d’experts. Les avocats interviennent sur tous les aspects juridiques : restructuration de la société, rédaction de la documentation légale, et notamment du prospectus. Les auditeurs et commissaires aux comptes certifient les états financiers historiques et prévisionnels. Enfin, une agence de communication financière gère les relations avec la presse et les investisseurs pour promouvoir l’opération.

Le prospectus d’introduction : document clé d’information

Exigence et contenu (informations, résumé, langue)

Le prospectus est le document central de l’IPO. Il a pour but de fournir aux investisseurs une information complète, exacte et non trompeuse pour leur permettre de fonder leur décision d’investissement. Son contenu est strictement réglementé et inclut une présentation détaillée de l’entreprise, de son activité, de sa situation financière, de sa stratégie, ainsi que des risques associés. Il doit comporter un résumé synthétique et être rédigé en français, ou dans une langue usuelle en matière financière sous certaines conditions. Pour en savoir plus, consultez notre article sur le prospectus d’introduction en bourse : obligations et responsabilités juridiques.

Le visa de l’AMF : procédure et délais

Avant d’être diffusé au public, le projet de prospectus doit obtenir le visa de l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’AMF vérifie si le document est complet, compréhensible et si les informations qu’il contient sont cohérentes. Elle ne se prononce pas sur l’opportunité de l’opération mais s’assure de la qualité de l’information délivrée. Cette étape cruciale est soumise à des délais stricts, généralement de dix à vingt jours de négociation après le dépôt d’un dossier complet.

Les procédures d’admission et de cotation

Marchés réglementés (Eurolist) : OPO, OPF, OPM, cotation directe

Pour l’admission sur un marché réglementé comme Euronext, plusieurs procédures techniques permettent de déterminer le prix d’introduction et d’allouer les titres. Les plus courantes sont l’Offre à Prix Ouvert (OPO), où les titres sont proposés dans une fourchette de prix, et l’Offre à Prix Ferme (OPF), où le prix est fixé à l’avance. D’autres techniques comme l’Offre à Prix Minimal (OPM) ou la cotation directe existent également. Le choix de la procédure dépend des caractéristiques de l’opération et de la stratégie de l’émetteur. Pour approfondir ce sujet, vous pouvez lire notre guide sur l’admission aux négociations sur les marchés réglementés : procédures et conditions.

Marchés non réglementés (Alternext, Marché Libre) : spécificités

Pour les petites et moyennes entreprises, les marchés non réglementés comme Euronext Growth (ex-Alternext) ou Euronext Access (ex-Marché Libre) offrent une alternative intéressante. Les conditions d’admission y sont allégées, notamment en termes d’historique de comptes ou de flottant (part du capital dans le public). Ces marchés sont conçus comme un tremplin pour les PME en croissance cherchant un premier accès aux financements boursiers. Pour plus de détails, référez-vous à notre article sur les marchés non réglementés : alternext et marché libre pour les introductions en bourse.

L’accompagnement post-introduction en bourse

Opérations de stabilisation et « green shoe »

Immédiatement après l’IPO, le cours de l’action peut être soumis à une forte volatilité. Pour contrer une pression à la baisse, le syndicat de placement peut mettre en oeuvre des opérations de stabilisation, consistant en des achats de titres sur le marché pendant une période limitée (généralement 30 jours). Pour couvrir les titres éventuellement sur-alloués lors du placement, les banques disposent souvent d’une option de surallocation, appelée « green shoe », leur permettant d’acquérir des titres supplémentaires auprès de la société au prix de l’offre.

Contrats de liquidité : maintien de la fluidité des titres

À plus long terme, pour assurer une liquidité régulière du titre et éviter des décalages de cours importants, la société peut signer un contrat de liquidité avec un prestataire de services d’investissement. Ce dernier intervient de manière indépendante à l’achat et à la vente sur le marché pour faciliter les transactions et garantir un carnet d’ordres fourni. Ces mécanismes post-introduction sont essentiels et vous pouvez les explorer dans notre article dédié à l’accompagnement post-introduction en bourse : stabilisation et contrats de liquidité.

Solent Avocats : votre expertise pour une introduction en bourse réussie

Notre accompagnement juridique tout au long du processus

Le processus d’introduction en bourse est une aventure exigeante sur le plan juridique. De la restructuration initiale à la rédaction du prospectus, en passant par la mise en conformité avec les réglementations boursières, chaque étape requiert une expertise pointue. Notre cabinet met à votre service sa compétence en droit des marchés de capitaux pour sécuriser votre projet et en faire un levier de croissance pour votre entreprise.

Une introduction en bourse est une décision stratégique qui transforme durablement une entreprise et ses dirigeants. Pour une analyse approfondie de votre projet et un accompagnement sur mesure, prenez contact avec notre équipe d’avocats.

Foire aux questions

Qu’est-ce que le « underpricing » en IPO ?

Le « underpricing », ou sous-évaluation, est le phénomène par lequel le prix d’une action augmente de manière significative lors de son premier jour de cotation par rapport à son prix d’introduction. C’est une caractéristique très fréquente des IPO, souvent expliquée par la volonté de garantir le succès du placement et de récompenser les premiers investisseurs.

Quel est le rôle de l’AMF dans une introduction en bourse ?

L’Autorité des marchés financiers (AMF) est le régulateur qui veille à la protection de l’épargne et au bon fonctionnement des marchés. Dans une IPO, son rôle principal est d’examiner le prospectus d’information et de lui apposer son « visa » avant que l’offre puisse être présentée au public, garantissant ainsi que l’information fournie aux investisseurs est complète, compréhensible et cohérente.

Une PME peut-elle s’introduire en bourse ?

Oui, les PME peuvent tout à fait s’introduire en bourse. Des marchés comme Euronext Growth (anciennement Alternext) ont été spécifiquement conçus pour elles, avec des conditions d’accès et des obligations réglementaires allégées par rapport aux marchés réglementés principaux, afin de faciliter leur accès aux financements par le marché.

Qu’est-ce qu’un « listing sponsor » ?

Le « listing sponsor » est un conseiller agréé par l’entreprise de marché (comme Euronext) dont le rôle est d’accompagner une société lors de son introduction sur un marché non réglementé, tel qu’Euronext Growth. Il aide l’entreprise à préparer son dossier d’admission et s’assure ensuite qu’elle respecte ses obligations d’information une fois cotée.

Comment les titres sont-ils alloués lors d’une IPO ?

L’allocation des titres dépend de la procédure d’offre choisie (OPF, OPO, OPM). Si la demande est supérieure à l’offre, une réduction des ordres est appliquée. Souvent, une part de l’offre est réservée aux investisseurs institutionnels via un « placement garanti », tandis qu’une autre part est destinée aux particuliers via une offre centralisée, avec des règles d’allocation propres à chaque tranche.

Qu’est-ce qu’une « green shoe » ?

La « green shoe », ou option de surallocation, est un mécanisme qui permet aux banques introductrices d’acheter jusqu’à 15% de titres supplémentaires auprès de la société, au prix d’introduction, pendant les 30 jours suivant l’IPO. Elle est utilisée pour couvrir les surallocations effectuées lors du placement et pour faciliter les opérations de stabilisation du cours de bourse.

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