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Le pouvoir de sanction de l’AMF : guide complet pour les acteurs des marchés financiers

Table des matières

L’Autorité des marchés financiers (AMF) joue un rôle essentiel dans la régulation des marchés financiers français. Sa mission englobe la protection de l’épargne investie, la garantie d’une information transparente pour les investisseurs, et le bon fonctionnement de ces marchés. Pour accomplir ces objectifs, l’AMF est dotée d’un pouvoir de sanction étendu, qui lui permet d’intervenir en cas de manquements. Comprendre ce cadre d’intervention est important pour toute personne ou entité évoluant dans cet environnement. Cet article propose un survol des différents aspects du pouvoir de sanction de l’AMF, des types de sanctions qu’elle peut prononcer aux procédures qu’elle met en œuvre, des sujets que notre cabinet explore de manière plus approfondie dans des articles techniques dédiés. Pour toute question relative à votre situation, n’hésitez pas à nous contacter.

Qu’est-ce que l’Autorité des marchés financiers (AMF) ?

L’Autorité des marchés financiers est une autorité publique indépendante. Créée par la loi de sécurité financière en 2003, elle est issue de la fusion de plusieurs entités préexistantes comme la Commission des opérations de bourse (COB). Son statut lui confère une autonomie nécessaire pour veiller, au-delà des intérêts particuliers, à la stabilité et à la probité des marchés financiers.

Les missions principales de l’AMF sont diverses et complémentaires : il s’agit d’abord de protéger l’épargne investie par les particuliers et les entreprises. Elle doit également assurer une information fiable et exhaustive aux investisseurs, leur permettant de prendre des décisions éclairées. Enfin, elle est garante du bon fonctionnement des marchés financiers, en veillant à leur liquidité, leur transparence et leur intégrité. L’influence du droit de l’Union européenne est également forte, l’AMF devant intégrer les objectifs de stabilité financière européenne et les recommandations des autorités de supervision européennes dans son action.

Comprendre l’étendue du pouvoir de sanction de l’AMF

L’AMF dispose d’un pouvoir de sanction dual : elle peut prononcer des sanctions administratives et des sanctions disciplinaires. Ces deux types de sanctions, bien que relevant d’une procédure unifiée, visent des objectifs distincts et concernent des catégories de personnes ou de manquements qui diffèrent. Leur articulation avec les poursuites pénales est un sujet d’attention particulier.

Pour une analyse plus détaillée de la distinction et de l’étendue de ces sanctions, nous vous invitons à consulter notre article dédié à ces questions.

Sanctions administratives : objet, personnes et montants

Les sanctions administratives, bien que prononcées par une autorité administrative, sont de nature répressive. Leur finalité est punitive et vise à sanctionner la violation de normes générales, souvent d’ordre public. Leur champ matériel est très large, couvrant notamment les abus de marché comme les opérations d’initiés, les manipulations de marché, ou encore la diffusion illicite d’informations privilégiées. L’AMF peut également sanctionner les manquements aux obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, ou toute action portant atteinte à la protection des investisseurs ou au bon fonctionnement des marchés.

Le champ personnel de ces sanctions est également étendu, puisque l’AMF peut viser toute personne, qu’elle soit professionnel ou non, ayant agi sur le marché financier. Cela inclut par exemple des commissaires aux comptes, des journalistes ou des investisseurs. Les sanctions sont exclusivement pécuniaires et leurs plafonds sont significatifs, pouvant atteindre cent millions d’euros ou le décuple des profits réalisés, voire 15 % du chiffre d’affaires annuel total de la personne sanctionnée dans certains cas. Le montant est fixé en fonction de la gravité, de la durée du manquement, de l’implication de la personne, de sa situation financière, des gains obtenus ou des pertes évitées.

Sanctions disciplinaires : champ d’application et objectifs

Le pouvoir de sanction disciplinaire de l’AMF s’applique principalement aux professionnels des marchés financiers, ainsi qu’à leurs salariés et mandataires. Il vise à sanctionner le non-respect de leurs obligations professionnelles définies par les règlements européens, les lois, et les règles professionnelles approuvées par l’AMF. L’objectif n’est pas tant de protéger une profession en soi, mais plutôt les clients des professionnels et l’intégrité du marché.

Les personnes soumises à ce pouvoir sont notamment les prestataires de services d’investissement, les entreprises de marché, les chambres de compensation, les sociétés de gestion de placements collectifs, ou encore les conseillers en investissements financiers. Les sanctions peuvent être morales (avertissement, blâme), professionnelles (interdiction temporaire ou définitive d’exercer tout ou partie des activités), et pécuniaires. Le montant des sanctions pécuniaires disciplinaires a également été considérablement alourdi, pouvant atteindre 100 millions d’euros pour les professionnels, et 15 millions pour les salariés ou mandataires.

La procédure de sanction de l’AMF : un processus rigoureux

La procédure de sanction de l’AMF est encadrée par des principes stricts visant à garantir le respect des droits de la défense et les exigences d’un procès équitable, inspirées notamment par la Convention européenne des droits de l’homme. La séparation entre le Collège (organe de régulation et de poursuite) et la Commission des sanctions (organe de jugement) est une pierre angulaire de ce dispositif.

Pour en savoir plus sur les différentes phases de ce processus, consultez notre article détaillé sur la procédure de sanction de l’AMF.

De l’enquête à la notification des griefs

Le processus débute par une phase d’enquête ou de contrôle, initiée par le Secrétaire général de l’AMF, qui vise à recueillir les faits susceptibles de constituer des manquements. Cette phase est menée par des enquêteurs habilités, qui disposent de pouvoirs d’investigation encadrés. À l’issue de cette enquête, un rapport est transmis au Collège de l’AMF.

Le Collège, après examen du rapport, peut décider d’ouvrir une procédure de sanction. S’il y a lieu, il procède alors à la notification des griefs aux personnes concernées. Cette notification est une étape clé, car elle formalise les reproches adressés et ouvre la voie à la phase contradictoire. Elle doit être précise et respecter la présomption d’innocence. Le Collège peut également proposer une composition administrative, une forme de transaction permettant de clore la procédure par un accord négocié et homologué.

La commission des sanctions : impartialité et prononcé de la décision

Une fois les griefs notifiés, le dossier est transmis à la Commission des sanctions, qui est indépendante du Collège. Le président de la Commission des sanctions désigne un rapporteur, chargé d’instruire le dossier de manière impartiale, à charge et à décharge. Le rapporteur peut mener des investigations complémentaires et auditionner les parties.

L’audience devant la Commission des sanctions est publique, sauf exceptions pour protéger des secrets d’affaires ou l’ordre public. Les parties, y compris la personne mise en cause et son conseil, sont entendues et peuvent présenter leur défense. Un représentant du Collège peut également présenter des observations. La Commission délibère ensuite, hors la présence du rapporteur, et prononce sa décision motivée. Cette décision est ensuite notifiée aux parties et peut être rendue publique par l’AMF, avec les frais supportés par les personnes sanctionnées.

Les voies de recours contre les décisions de l’AMF

Les décisions de sanction prononcées par l’AMF sont susceptibles de recours. Le choix de la juridiction compétente (Cour d’appel de Paris ou Conseil d’État) dépend de la qualité de la personne sanctionnée (professionnel ou non). Ces recours sont de pleine juridiction, ce qui signifie que le juge peut non seulement contrôler la légalité de la décision, mais aussi la modifier, la réduire ou l’annuler. Pour comprendre en détail le contrôle judiciaire et les voies d’appel disponibles contre ces décisions, notre article dédié vous apporte toutes les précisions nécessaires.

La problématique du cumul des sanctions : vers une harmonisation

Historiquement, le cumul de sanctions administratives et pénales pour les mêmes faits était admis en droit français, une position qui a été largement critiquée, notamment au regard du principe non bis in idem de la Convention européenne des droits de l’homme. La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui assimile les sanctions administratives graves à des sanctions pénales, a contraint la France à revoir sa position.

Des évolutions législatives et jurisprudentielles récentes, notamment la loi de 2016 et des décisions du Conseil constitutionnel, ont mis fin à ce cumul pour les abus de marché. Désormais, un mécanisme d’aiguillage est en place, permettant au Collège de l’AMF et au Procureur de la République de coordonner leurs actions pour éviter la double poursuite pour les mêmes faits. Pour une compréhension approfondie de cette évolution, nous vous recommandons de consulter notre analyse du principe de non bis in idem.

Pourquoi être accompagné par un avocat expert en droit bancaire et financier ?

Naviguer dans le labyrinthe des procédures de l’Autorité des marchés financiers et comprendre l’étendue de son pouvoir de sanction représente un défi significatif. Que vous soyez un particulier confronté à une investigation, ou un dirigeant d’entreprise souhaitant prévenir les risques de manquements, l’expertise juridique est primordiale. Nos avocats experts en droit bancaire et financier peuvent vous conseiller et vous défendre à chaque étape : de l’accompagnement lors des enquêtes de l’AMF à la préparation de vos observations écrites, en passant par la représentation devant la Commission des sanctions et l’introduction des recours nécessaires. Leur connaissance approfondie du droit financier et des pratiques de l’AMF vous apporte la meilleure stratégie de défense.

Pour une analyse approfondie de votre situation et un conseil adapté à vos besoins spécifiques, n’hésitez pas à prendre contact avec notre équipe d’avocats, notamment pour explorer les sûretés et garanties.

Foire aux questions

Quel est le rôle principal de l’AMF ?

L’AMF a pour mission principale de veiller à la protection de l’épargne investie, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés financiers, contribuant ainsi à leur intégrité et leur transparence.

Quels types de sanctions l’AMF peut-elle prononcer ?

L’AMF peut prononcer des sanctions administratives, visant des manquements aux règles générales de marché (abus de marché, etc.), et des sanctions disciplinaires, s’appliquant aux manquements aux obligations professionnelles des acteurs du marché.

La procédure de sanction de l’AMF est-elle publique ?

Oui, les audiences devant la Commission des sanctions de l’AMF sont en principe publiques, bien que le président puisse décider d’un huis clos partiel ou total pour des raisons de secret d’affaires, d’ordre public ou de sécurité nationale.

Peut-on être sanctionné deux fois pour les mêmes faits par l’AMF et la justice pénale ?

Suite à des évolutions récentes du droit, le principe « non bis in idem » s’applique désormais, interdisant le cumul des poursuites pénales et administratives pour les mêmes faits liés aux abus de marché. Des mécanismes de coordination entre l’AMF et le Parquet ont été mis en place.

Quel est le délai de prescription pour une sanction de l’AMF ?

Le délai de prescription est de six ans à compter du jour où le manquement a été commis. Si le manquement est occulte ou dissimulé, le délai court à partir de sa découverte, sans excéder douze ans.

Est-il possible de contester une décision de sanction de l’AMF ?

Oui, les décisions de sanction de l’AMF peuvent faire l’objet d’un recours devant la Cour d’appel de Paris pour les non-professionnels, ou devant le Conseil d’État pour les professionnels, dans un délai de deux mois à compter de la notification.

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