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Protéger l’apparence de vos créations : comprendre les dessins et modèles

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L’aspect unique de vos produits, qu’il s’agisse de leur forme innovante, de leur motif original ou de leur emballage distinctif, constitue souvent un avantage concurrentiel majeur. Dans un marché saturé, le design attire l’œil, séduit le consommateur et peut même devenir la signature de votre marque. Mais savez-vous comment protéger légalement cet atout précieux contre la copie ? Le droit français offre un outil spécifique pour cela : le droit des dessins et modèles.

Souvent méconnu ou confondu avec d’autres formes de propriété intellectuelle comme le brevet ou le droit d’auteur, le droit des dessins et modèles vise spécifiquement à protéger l’apparence extérieure des créations. Comprendre son fonctionnement, ses conditions et son articulation avec le droit d’auteur est une première étape indispensable pour toute entreprise soucieuse de défendre son identité visuelle et ses investissements créatifs. Cet article a pour but de clarifier ce qu’est un dessin ou modèle au sens juridique, en quoi il diffère du droit d’auteur et pourquoi envisager son enregistrement peut s’avérer une démarche pertinente pour votre activité.

Qu’est-ce qu’un dessin ou modèle protégeable ?

Le Code de la propriété intellectuelle (CPI) définit ce qui peut être protégé. Il ne s’agit pas d’une idée abstraite de design, mais bien de l’incarnation concrète de cette idée dans un produit.

L’apparence visuelle d’un produit

Au cœur de la protection se trouve l’« apparence d’un produit, ou d’une partie de produit ». Cette apparence est définie par un ensemble de caractéristiques visuelles. L’article L. 511-1 du CPI mentionne notamment « ses lignes, ses contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou ses matériaux ». Cette liste n’est pas exhaustive ; tout élément contribuant à l’aspect extérieur d’un objet peut être pertinent. Il peut s’agir des caractéristiques intrinsèques du produit lui-même (la forme d’une bouteille, les courbes d’un fauteuil) ou de son ornementation (le motif d’un tissu, les graphismes sur un emballage).

Il est important de noter qu’il n’est pas nécessaire que l’apparence soit particulièrement « artistique » ou « esthétique » au sens traditionnel pour être protégeable. Le droit des dessins et modèles s’intéresse à l’aspect visuel en tant que tel, qu’il relève du design industriel épuré, de l’artisanat traditionnel ou d’une ornementation complexe. L’objectif est de protéger l’effort créatif investi dans l’apparence, indépendamment de jugements de valeur sur son mérite artistique.

Produits concernés

Le champ d’application est large et couvre potentiellement « tout objet industriel ou artisanal », comme le précise l’article L. 511-1 du CPI. Cela inclut une grande variété de créations :

  • Mobilier et aménagement : Chaises, tables, lampes, canapés…
  • Mode et accessoires : Vêtements, chaussures, sacs à main, bijoux, montres…
  • Articles ménagers : Vaisselle, ustensiles de cuisine, appareils électroménagers…
  • Emballages et présentations : Bouteilles, boîtes, flacons, étiquettes, présentoirs…
  • Éléments graphiques : Logos (pris comme éléments graphiques appliqués à des produits), icônes d’interfaces utilisateur, caractères typographiques…
  • Jouets, articles de sport, outils…
  • Même des pièces détachées peuvent être protégées pour leur apparence, si elles sont visibles lors de l’utilisation normale du produit complexe dont elles font partie.

Cette diversité montre que de nombreuses entreprises, quel que soit leur secteur, sont potentiellement concernées par la protection des dessins et modèles.

Ce qui n’est généralement pas protégeable par ce biais

Il est tout aussi important de comprendre ce qui échappe à cette protection spécifique :

  • Les idées ou concepts généraux : Le droit ne protège pas l’idée d’une chaise empilable, mais l’apparence spécifique d’une chaise empilable. Un style (ex: « style scandinave ») ou un genre ne sont pas protégeables en tant que tels.
  • Les caractéristiques purement fonctionnelles : Si l’apparence d’un produit est exclusivement dictée par sa fonction technique, sans aucune marge de liberté créative pour le designer, elle ne peut pas être protégée comme dessin ou modèle. Elle relèvera éventuellement du droit des brevets si elle constitue une invention technique. Pour en savoir plus sur les critères de validité et les autres exclusions, consultez notre article détaillé sur les conditions clés pour obtenir la protection d’un dessin ou modèle en France.
  • Les programmes d’ordinateur (logiciels) : Le code source ou objet d’un logiciel est protégé par le droit d’auteur. L’apparence visuelle générée par le logiciel (interfaces graphiques, icônes) peut, elle, relever des dessins et modèles si elle remplit les conditions. L’article L. 511-1 exclut toutefois explicitement les « programmes d’ordinateur » de la définition du produit.

Dessin et modèle ou droit d’auteur : faut-il choisir ?

Une question fréquente concerne la différence et le lien entre le droit des dessins et modèles et le droit d’auteur. Ces deux régimes peuvent souvent s’appliquer à la même création, mais ils fonctionnent différemment.

Le droit d’auteur : une protection automatique pour les créations « originales »

Le droit d’auteur protège les « œuvres de l’esprit », à condition qu’elles soient originales. L’originalité, en droit d’auteur, est traditionnellement définie comme l’empreinte de la personnalité de l’auteur, le reflet de ses choix libres et créatifs. Cette protection naît automatiquement du simple fait de la création, sans qu’aucune formalité de dépôt ne soit nécessaire. Le droit d’auteur couvre une vaste gamme d’œuvres, y compris explicitement, selon l’article L. 112-2 du CPI, « les œuvres des arts appliqués ». Une lampe au design unique, un motif textile inventif, un bijou aux formes personnelles peuvent donc être protégés par le droit d’auteur dès leur création, si leur originalité est reconnue.

Le dessin ou modèle : une protection conditionnée par un enregistrement

Le droit des dessins et modèles, quant à lui, ne naît pas automatiquement. Il s’acquiert par l’enregistrement auprès d’un office de propriété industrielle (l’INPI en France). Pour être enregistré et bénéficier de cette protection spécifique, le dessin ou modèle doit répondre à des critères propres, distincts de l’originalité du droit d’auteur : il doit être nouveau et présenter un caractère propre. Ces conditions, que nous détaillerons dans un prochain article, sont appréciées de manière plus objective que l’originalité. La nouveauté signifie que rien d’identique n’a été divulgué auparavant, tandis que le caractère propre exige que la création produise une impression visuelle d’ensemble différente de tout ce qui existait déjà.

Le cumul des protections : une spécificité française et européenne

La bonne nouvelle est qu’il n’est généralement pas nécessaire de choisir. En France, comme dans l’Union Européenne, le principe dit de « l’unité de l’art » prévaut. Cela signifie qu’une même création peut bénéficier simultanément des deux régimes de protection, si elle remplit les conditions de chacun. L’article L. 513-2 du CPI le confirme : la protection par dessin ou modèle enregistré s’applique « sans préjudice des droits résultant de l’application d’autres dispositions législatives, notamment [du droit d’auteur] ».

Concrètement, une lampe au design original et qui est également nouvelle et présente un caractère propre peut être protégée :

  1. Par le droit d’auteur : automatiquement dès sa création, pour une durée très longue (vie de l’auteur + 70 ans après sa mort).
  2. Par le droit des dessins et modèles : si elle est déposée et enregistrée, pour une durée maximale de 25 ans.

Ce cumul est intéressant. Le droit d’auteur offre une protection de longue durée sans formalité, mais sa preuve peut être plus complexe (prouver l’originalité, la date de création). L’enregistrement d’un dessin ou modèle, bien que d’une durée plus courte et nécessitant une démarche active (et payante), fournit une preuve officielle de l’existence du droit et de sa date, ce qui facilite grandement la défense contre les contrefacteurs.

Pourquoi envisager l’enregistrement d’un dessin ou modèle ?

Même si votre création est potentiellement déjà protégée par le droit d’auteur, l’enregistrement en tant que dessin ou modèle présente plusieurs avantages stratégiques non négligeables pour une entreprise.

Une preuve officielle de vos droits

L’enregistrement auprès de l’INPI confère une date certaine à votre création. En cas de litige, vous n’aurez pas à prouver quand vous avez créé le design ; la date de dépôt fait foi. De plus, la loi attache à l’enregistrement une présomption de titularité (CPI, art. L. 511-9) : sauf preuve contraire, la personne ou l’entreprise qui a déposé est considérée comme le propriétaire légitime des droits. Cela simplifie considérablement les démarches pour prouver vos droits face à un copieur. Imaginez devoir retrouver des croquis datés ou des témoignages pour prouver l’antériorité de votre création par droit d’auteur face à un concurrent qui a, lui, un certificat d’enregistrement…

Un signal fort contre la copie

Un dessin ou modèle enregistré et publié au Bulletin Officiel de la Propriété Industrielle (BOPI) est un message clair envoyé au marché : cette apparence est protégée. Pour comprendre l’étendue exacte de ce monopole d’exploitation et la durée de la protection, consultez notre article sur vos droits une fois votre dessin ou modèle enregistré. Les concurrents sont ainsi avertis et peuvent consulter les registres pour vérifier l’existence de droits avant de lancer un produit similaire. Cette publicité a un effet dissuasif certain. De plus, en cas de contrefaçon avérée, agir sur la base d’un titre enregistré est souvent plus direct et rapide que sur la base du seul droit d’auteur, où la discussion sur l’originalité peut être longue. L’enregistrement renforce votre position de négociation et votre capacité à faire cesser rapidement une copie. Pour découvrir les actions juridiques disponibles et les recours en cas d’atteinte à vos droits, consultez notre guide sur la défense de vos dessins et modèles.

Un actif immatériel pour votre entreprise

Au-delà de la défense, un dessin ou modèle enregistré est un actif immatériel qui a une valeur économique propre. Il peut être inscrit au bilan de l’entreprise. Surtout, il peut être exploité commercialement :

  • Vous pouvez le vendre (cession de propriété).
  • Vous pouvez autoriser des tiers à l’utiliser en contrepartie d’une rémunération (licence d’exploitation).
  • Il peut être apporté en société, ou servir de garantie.

L’enregistrement matérialise donc votre création en un droit de propriété tangible et valorisable, ce qui est un avantage certain pour le développement de votre activité.

Pour sécuriser votre protection et comprendre toutes les formalités, découvrez notre guide détaillé sur la procédure et les démarches essentielles pour déposer un dessin ou modèle.

Protéger efficacement le design de vos produits nécessite une stratégie sur mesure. Pour déterminer si le dépôt d’un dessin ou modèle est la meilleure approche pour vous, ou pour bénéficier d’une assistance juridique complète en matière de protection de vos actifs et de gestion de vos litiges commerciaux, contactez notre cabinet pour une analyse de votre situation.

Sources

  • Code de la propriété intellectuelle (CPI), notamment les articles L. 111-1 et suivants (Droit d’auteur) et L. 511-1 et suivants (Dessins et modèles).

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