Un huissier de justice peut procéder à une saisie sur compte bancaire sans avertissement préalable. Ce professionnel doit suivre des règles dans le cadre de la mise en œuvre d’une saisie attribution. Cette procédure permet au créancier de récupérer directement la somme due sur le compte du débiteur saisi. Le titulaire du compte bénéficie toutefois de protections. Il pourra contester la saisie selon diverses modalités.
1. La mesure de saisie attribution
La saisie attribution constitue une procédure de recouvrement forcé. L’article L. 211-1 du code des procédures civiles d’exécution l’encadre. Elle permet au créancier muni d’un titre exécutoire d’obtenir le paiement de sa créance en saisissant les sommes disponibles sur le compte bancaire du débiteur, une démarche dont la pertinence peut dépendre du montant de la somme due. Les décisions de justice comme les injonctions de payer forment des titres exécutoires courants.
La procédure de saisie attribution se déroule ainsi :
- Blocage des fonds : l’huissier présente le titre à la banque le jour de la saisie. Le tiers détenteur bloque aussitôt les sommes disponibles jusqu’au montant de la somme due. Le débiteur saisi ne peut plus utiliser cet argent.
- Dénonce de la saisie : l’article R. 211-3 impose que l’huissier notifie l’acte de saisie au débiteur sous huit jours. Cette notification précise le montant saisi, la nature de la créance et les modalités pour contester la saisie. Elle mentionne aussi les sommes insaisissables.
- Transfert des fonds : sans contestation dans le mois ou après rejet de celle-ci, l’argent est versé au créancier pour règlement de tout ou partie de la somme due.
- Restitution du surplus : tout excédent revient au titulaire du compte. Le juge pourra ordonner une restitution totale ou partielle si la contestation aboutit.
L’huissier de justice n’a aucune obligation de prévenir le débiteur avant la mise en œuvre de la saisie. Cette règle empêche que le compte bancaire soit vidé. L’effet de surprise reste essentiel pour garantir l’efficacité de la démarche.
Le débiteur saisi est informé après coup, d’abord par sa banque, puis par l’huissier.
2. Les conditions nécessaires à la saisie
La saisie sur compte bancaire exige plusieurs conditions pour être réalisée :
- Titre exécutoire obligatoire : l’article R. 211-1 impose à l’huissier d’agir avec un titre exécutoire. Ce document doit figurer dans le procès-verbal dressé le jour de la saisie. À la demande du débiteur, l’huissier devra lui présenter la décision de justice ou l’acte notarié prouvant la somme due, en gardant à l’esprit les délais de prescription applicables à la dette.
- Notification au débiteur : l’huissier doit notifier l’acte de saisie par procès-verbal de dénonce. Ce document doit être remis dans les huit jours suivant la saisie effectuée. Les articles 640 à 642 du code de procédure civile régissent le calcul des délais. L’article R. 211-3 précise qu’à défaut de notification, la saisie devient caduque. Cette pièce permet au débiteur saisi de connaître la somme saisie et ses droits pour contester la saisie.
- Protection des fonds insaisissables : certaines sommes ne peuvent faire l’objet d’une saisie. Les minimas sociaux, allocations de solidarité et autres revenus essentiels sont protégés par la loi. Le montant laissé sur le compte bancaire doit comprendre le solde bancaire insaisissable (SBI), équivalent au RSA. Cette somme permet à la personne saisie de subvenir à ses besoins immédiats.
3. Les recours du débiteur saisi
Le débiteur dispose de recours après une saisie à sa banque. Il pourra contester la saisie sur compte bancaire devant le tribunal judiciaire, et le cas échéant, initier des recours contre l’huissier de justice.
Cette contestation doit être mise en place sous un mois à compter du jour de la notification. L’huissier qui délivre une assignation à fin de contestation doit notifier son confrère en charge de la saisie par lettre recommandée.
Le juge pourra prendre divers types de décisions dans le cadre de cette procédure. Les plus courantes sont :
- Mainlevée de la saisie : le juge ordonne la mainlevée si le titre exécutoire présente un défaut ou si la somme n’est pas due.
- Cantonnement : me juge peut réduire le montant bloqué si une partie de la créance est contestée. La requête de cantonnement vise à protéger les intérêts du débiteur tout en respectant les droits du créancier.
- Validation : le juge valide la saisie effectuée s’il la juge régulière. Les fonds bloqués sont alors versés pour obtenir le paiement de tout ou partie de la dette.
Le débiteur peut négocier avec le créancier un règlement amiable. Un accord peut suspendre ou lever la mesure de saisie.
En pratique, cet accord concernera le solde à régler, non les sommes déjà saisies.
L’attribution sur compte bancaire a un effet attributif immédiat. Les sommes saisies appartiennent au créancier dès l’instant où la saisie a lieu. Même temporairement bloquées à la banque, elles changent de propriétaire sans délai.
Le juge ne peut donc accorder aucun délai de paiement pour ces sommes.
4. Les autres saisies pratiquées sans avertir le débiteur
La règle : pas d’avertissement
La quasi-totalité des procédures d’exécution forcée s’effectuent sans avertissement. Cette disposition s’applique aux saisies de biens meubles et aux saisies immobilières.
Après la signification de l’acte de saisie, le débiteur devient responsable des biens saisis. Il a l’obligation de les conserver. Il lui est interdit de les dégrader, vendre ou déplacer pour faire obstacle à leur saisie.
L’exception : la saisie des rémunérations
Seule la saisie sur salaire relevant du droit du travail nécessite un avertissement. Cette procédure obéit à des règles particulières. Le débiteur est convoqué à une audience de conciliation. La mise en place de la saisie n’intervient qu’après échec de cette phase. En cas d’accord, le débiteur organise lui-même le règlement sans impliquer l’employeur.
Ce système existe pour trois raisons essentielles :
- Éviter l’embarras du salarié face à l’employeur
- Protéger la vie privée du salarié
- Épargner à l’entreprise les frais et complications administratives
Le débiteur est informé avant toute retenue sur sa rémunération.
Victime d’une saisie sur compte bancaire ? Agissez maintenant !
Une saisie à votre banque vient d’être effectuée ? Le délai pour contester la saisie est d’un mois. À compter du jour de la notification, chaque journée compte. Voici les actions à suivre :
- Consultez un avocat : nous examinons votre situation et vous conseillons.
- Vérifiez vos protections : les allocations de solidarité et certaines indemnités sont insaisissables. Contrôlez que le solde bancaire insaisissable reste bien disponible pour subvenir à vos besoins.
- Rassemblez vos documents : réunissez le procès-verbal, la mention de créance et toute pièce utile à votre défense. Ces éléments seront essentiels pour présenter votre contestation.
- Contactez-nous : demandez un avis juridique immédiat.
L’administration fiscale et la sécurité sociale peuvent également procéder à des saisies. Connaître vos droits est indispensable pour limiter les conséquences financières et sociales de cette procédure.
Une action rapide maximise vos chances d’obtenir un règlement en votre faveur.