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Valoriser sa marque : comprendre la cession et la licence

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Une marque forte, bien établie et protégée, représente bien plus qu’un simple signe distinctif. C’est un actif immatériel précieux au cœur de la valeur de votre entreprise. Au-delà de son rôle protecteur, cette marque peut devenir une source de revenus ou un levier stratégique. Comment ? Principalement à travers deux mécanismes contractuels : la cession, qui équivaut à une vente de votre marque, et la licence, qui revient à en autoriser l’utilisation par un tiers. Comprendre les tenants et aboutissants de ces deux options est essentiel pour prendre les bonnes décisions et valoriser au mieux cet actif. Cet article décrypte pour vous les contrats de cession et de licence de marque.

La cession de marque : transférer la propriété

La cession de marque est l’acte par lequel vous transférez de manière définitive la propriété de votre marque à une autre personne ou entreprise (le cessionnaire), en contrepartie, le plus souvent, d’un prix. Ce transfert n’est possible et opposable que si la marque a été correctement déposée et enregistrée. C’est comparable à la vente d’un bien immobilier ou d’un fonds de commerce : une fois l’acte signé et les formalités accomplies, vous n’êtes plus propriétaire.

Pourquoi céder sa marque ? Les motivations peuvent être diverses :

  • Réorienter la stratégie de l’entreprise et se défaire d’actifs non essentiels.
  • Obtenir des liquidités importantes rapidement.
  • Valoriser un actif lors de la vente globale de l’entreprise.
  • Ne plus avoir les moyens ou l’envie de l’exploiter ou de la défendre.

Points clés du contrat de cession : Vendre une marque n’est pas anodin et le contrat doit être rédigé avec soin. Plusieurs éléments sont fondamentaux :

  1. L’identification précise de l’objet cédé : Il faut désigner sans ambiguïté la ou les marques concernées (numéro d’enregistrement national ou européen, classes de produits/services visées). La cession peut être totale (tous les produits/services, tous les territoires) ou partielle (certaines classes, certains pays seulement – attention, cela peut nécessiter une division préalable du titre).
  2. Le prix : Il doit être déterminé ou déterminable (article 1591 du Code civil). Il peut s’agir d’un prix forfaitaire payable en une ou plusieurs fois, ou plus rarement dans le cadre d’une cession pure, d’une partie variable indexée sur les performances futures (ce qui rapproche alors d’une licence).
  3. Les garanties dues par le cédant : Comme pour toute vente, le cédant doit des garanties à l’acquéreur (articles 1625 et suivants du Code civil). Les plus importantes pour une marque sont :
    • La garantie d’existence du droit : Le cédant garantit qu’il est bien le propriétaire légitime de la marque et que celle-ci est valide (non nulle, non déchue…).
    • La garantie d’éviction : C’est une double garantie. D’une part, le cédant s’interdit lui-même de troubler la jouissance de l’acquéreur (par exemple, en utilisant une marque très similaire juste après la cession – cette garantie est d’ordre public). D’autre part, il garantit l’acquéreur contre les troubles venant de tiers dont la cause serait antérieure à la cession (par exemple, une action en contrefaçon basée sur une marque antérieure non détectée). Cette garantie du fait des tiers peut être aménagée contractuellement.
    • La garantie des vices cachés (article 1641 du Code civil) : Moins fréquente pour un bien immatériel, elle pourrait jouer si un vice juridique non apparent rendait la marque impropre à l’usage attendu (par exemple, une marque finalement jugée descriptive pour une partie essentielle de son activité).
  4. Le formalisme : La cession d’une marque doit obligatoirement être constatée par écrit, sous peine de nullité (article L.714-1 du CPI). De plus, pour que le transfert de propriété soit opposable aux tiers (c’est-à-dire reconnu par tous, y compris les concurrents, l’administration fiscale, etc.), il doit impérativement être inscrit au Registre National des Marques tenu par l’INPI (ou le registre pertinent pour les marques de l’UE ou internationales – article L.714-7 du CPI). Tant que l’inscription n’est pas faite, aux yeux des tiers, l’ancien propriétaire est toujours le titulaire légitime, ce qui peut bloquer les actions en justice du nouveau propriétaire ou créer des situations juridiques complexes.

La cession est donc une opération radicale, qui vous dessaisit de votre actif, mais peut permettre une valorisation immédiate. Cette valorisation est intrinsèquement liée à la façon dont la marque a été utilisée et défendue par le cédant jusqu’à présent.

La licence de marque : autoriser l’utilisation par un tiers

La licence de marque est un contrat très différent : vous restez propriétaire de la marque, mais vous accordez à une autre personne (le licencié) le droit de l’utiliser, selon des conditions définies. C’est l’équivalent d’une location pour un bien immatériel. C’est un outil extrêmement flexible et très utilisé dans la vie des affaires.

Pourquoi concéder une licence ? Les avantages sont nombreux :

  • Étendre la présence géographique de votre marque sans investir directement dans de nouveaux marchés.
  • Diversifier votre offre en permettant à des partenaires d’utiliser votre marque pour des produits ou services complémentaires.
  • Générer des revenus récurrents sous forme de redevances (royalties).
  • Accroître la notoriété et la visibilité de votre marque grâce à l’exploitation par d’autres.

Les types de licences : Il est essentiel de bien définir la portée de l’autorisation accordée :

  • Licence non-exclusive (ou licence simple) : Vous autorisez le licencié à utiliser la marque, mais vous conservez le droit de l’utiliser vous-même ET d’accorder d’autres licences à d’autres entreprises pour le même usage (mêmes produits/services, même territoire). C’est la forme la plus souple pour le propriétaire (concédant).
  • Licence exclusive : Vous accordez au licencié le droit exclusif d’utiliser la marque dans le périmètre défini (produits/services, territoire). Vous vous interdisez alors d’accorder d’autres licences dans ce périmètre, et souvent (sauf clause contraire), vous vous interdisez même d’utiliser la marque vous-même dans ce cadre. C’est un engagement fort, souvent demandé par le licencié qui réalise des investissements importants.
  • Licence unique (ou licence seule) : Variante de l’exclusivité, où vous vous engagez à ne pas concéder d’autre licence, mais vous conservez le droit d’exploiter vous-même la marque en parallèle du licencié.

Les clauses fondamentales d’un contrat de licence : La liberté contractuelle est grande, mais certains points doivent impérativement être clarifiés :

  1. Le périmètre de la licence : C’est le cœur du contrat. Il faut définir précisément quels produits ou services sont concernés, sur quel territoire géographique la licence s’applique, et pour quelle durée (déterminée, avec ou sans renouvellement tacite…). L’imprécision est source de litiges.
  2. Les redevances (royalties) : Comment le licencié vous rémunère-t-il ? Le contrat doit fixer la base de calcul (pourcentage du chiffre d’affaires, montant fixe par unité vendue…), le taux, la périodicité des paiements, et les modalités de déclaration et de contrôle (accès aux comptes du licencié). Des redevances minimales garanties peuvent aussi être prévues.
  3. Les obligations du licencié : Elles sont nombreuses et cruciales pour protéger votre marque :
    • Respecter les standards de qualité des produits/services associés à la marque (c’est essentiel pour ne pas dévaloriser votre image et éviter la déchéance pour déceptivité).
    • Se conformer à la charte graphique et aux conditions d’utilisation de la marque.
    • Souvent, une obligation d’exploiter réellement la licence (pour éviter qu’un licencié exclusif ne « gèle » votre marque sur un territoire).
    • Payer les redevances.
  4. Les obligations du concédant (propriétaire) :
    • Garantir au licencié la jouissance paisible de la marque (s’assurer que la marque est valide et que le licencié ne sera pas attaqué par des tiers pour son usage légitime).
    • Souvent, l’obligation de défendre la marque contre les contrefaçons (engager les actions en justice).
  5. Le contrôle de la qualité : Le propriétaire DOIT conserver un droit de regard et de contrôle sur la qualité des produits/services du licencié portant sa marque. C’est une condition pour maintenir la fonction de garantie de la marque et éviter qu’elle ne devienne trompeuse.
  6. La fin du contrat : Que se passe-t-il à l’échéance ou en cas de résiliation anticipée ? (Arrêt de l’utilisation de la marque, liquidation des stocks, paiement final…).
  7. Le formalisme : Bien qu’un écrit ne soit pas strictement obligatoire pour la validité d’une licence non-exclusive en droit français, il est extrêmement recommandé pour des raisons de preuve. Pour une licence exclusive, l’inscription au Registre des Marques est nécessaire pour la rendre opposable aux tiers (article L.714-7 CPI).

La licence est un outil puissant de développement, mais elle instaure une relation de long terme qui nécessite confiance, clarté contractuelle et suivi.

Cession vs Licence : comment choisir ?

Le choix entre vendre votre marque (cession) et en autoriser l’usage (licence) dépend entièrement de vos objectifs stratégiques et financiers :

  • Contrôle : Voulez-vous garder la maîtrise totale de votre marque et de son avenir (préférez la licence ou pas de contrat) ou êtes-vous prêt à vous en séparer définitivement (cession) ?
  • Revenus : Cherchez-vous un apport financier immédiat et potentiellement conséquent (cession) ou des revenus réguliers sur la durée (licence) ?
  • Risques et gestion : Préférez-vous transférer les risques liés à la marque (défense, maintien en vigueur) à un acheteur (cession) ou les conserver tout en gérant une relation contractuelle avec un ou plusieurs licenciés ?
  • Stratégie : L’objectif est-il de vous désengager (cession) ou de vous développer via des partenaires (licence) ?

Il n’y a pas de « meilleure » solution universelle. Une analyse au cas par cas, prenant en compte la maturité de votre entreprise, la force de votre marque et vos ambitions, est nécessaire.

Sécuriser vos contrats de marque

Qu’il s’agisse de vendre votre marque ou d’en concéder la licence, vous manipulez un actif potentiellement très valorisable. La tentation d’utiliser des modèles de contrats trouvés en ligne est grande, mais souvent dangereuse. Chaque situation est unique, et les enjeux financiers et juridiques sont importants.

Une rédaction contractuelle précise, adaptée à votre situation spécifique et anticipant les potentiels points de friction est la meilleure garantie contre les litiges futurs. N’oubliez jamais non plus l’importance capitale de l’inscription des actes (cession, licence exclusive) aux registres officiels pour assurer leur pleine efficacité juridique vis-à-vis de tous.

L’assistance d’un avocat compétent en droit des contrats et en propriété intellectuelle est vivement recommandée pour négocier et rédiger des accords qui protègent au mieux vos intérêts et maximisent la valeur de votre marque.

Vous envisagez de céder ou de concéder une licence sur votre marque ? Chaque clause compte et peut avoir des implications majeures. Assurez la sécurité juridique et la valorisation optimale de votre actif en nous contactant pour un conseil personnalisé et une rédaction sur mesure de vos contrats.

Sources

  • Code de la Propriété Intellectuelle (CPI), notamment articles L.714-1, L.714-7.
  • Règlement (UE) 2017/1001 sur la marque de l’Union européenne, notamment Articles 17, 22, 25.
  • Code civil (principes généraux des contrats de vente [art. 1582 et s.] et de louage [art. 1709 et s.]).

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