Avocat français expliquant la distribution des deniers à des clients (créanciers, débiteur) lors d'une réunion professionnelle.

Distribution des deniers : guide complet des procédures de répartition des fonds pour créanciers et débiteurs

Table des matières

La distribution des deniers est l’étape ultime du recouvrement de créances, où les fonds obtenus sont répartis entre les créanciers. Cette phase, loin d’être une simple formalité, est régie by un ensemble de règles complexes, définies notamment par le code de procédure civile, déterminant l’ordre de paiement et la part de chacun. Une méconnaissance de ces mécanismes peut avoir des conséquences financières importantes, que vous soyez un créancier cherchant à recouvrer votre dû ou un débiteur dont les biens ont été réalisés. Face à cette technicité, l’assistance d’un avocat expert en voies d’exécution est souvent indispensable pour sécuriser les droits des parties. Cet article vous offre une vue d’ensemble des principes et des grandes étapes de la distribution des deniers, en vous orientant vers des analyses plus détaillées pour chaque situation.

Introduction aux principes généraux de la distribution des deniers

Le cadre juridique de la répartition des fonds entre créanciers a connu une évolution majeure avec les réformes des voies d’exécution, notamment la loi du 9 juillet 1991. Auparavant, des procédures distinctes et parfois confuses coexistaient, comme la « distribution par contribution » pour les saisies mobilières ou « l’ordre » pour le prix des immeubles. La législation, à travers plus d’un texte majeur, a modernisé et unifié ces mécanismes, une version complétée par le décret du 14 août 1996 qui a instauré une procédure spécifique pour la distribution en dehors de toute exécution forcée. Aujourd’hui, on distingue deux grands régimes : la distribution amiable, hors saisie, et la distribution consécutive à une mesure d’exécution forcée.

La distribution des deniers en dehors de toute procédure d’exécution forcée

Il est fréquent qu’une somme d’argent doive être répartie entre plusieurs créanciers sans qu’une saisie préalable ait eu lieu. Cette situation se présente typiquement lors de la vente volontaire d’un fonds de commerce ou d’une entreprise. Le détenteur du prix ne peut alors se contenter de payer le vendeur ; il doit s’assurer d’une répartition conforme à la loi. Pour approfondir les mécanismes spécifiques à ces scénarios, il est essentiel de maîtriser la procédure de distribution amiable (prévue à l’article 1281-1 et suivants du Code de procédure civile), qui offre un cadre réglementé pour répartir les fonds sans recourir à la contrainte.

Mise en œuvre et contestation du projet de répartition amiable

En cas de désaccord, la partie la plus diligente (vendeur, créancier, etc.) peut saisir le juge des référés. Celui-ci désigne une personne chargée de la distribution (un séquestre). Cette personne établit un projet de répartition après avoir recueilli les déclarations de créances. Les créanciers et le débiteur disposent d’un délai de quinze jours à compter de la réception de la notification pour contester ce projet. Si un litige persiste malgré une tentative de conciliation, la procédure devient judiciaire et le tribunal tranchera.

La distribution des deniers issue d’une procédure d’exécution forcée

Lorsque les fonds proviennent d’une vente forcée, les règles se durcissent. La procédure organise le paiement des créanciers qui se sont manifestés durant la saisie. Bien que cet article se concentre sur les saisies mobilières, la finalité de la procédure de saisie immobilière est également la répartition du prix de vente, selon des modalités distinctes qui méritent une information et une analyse propres.

Distribution après une saisie mobilière

À la suite d’une saisie-vente, le produit de la vente est distribué par le commissaire de justice, agissant en tant qu’agent chargé de la vente. S’il n’existe qu’un seul créancier, il est payé à hauteur de sa créance. En présence de plusieurs créanciers, un projet de répartition amiable est proposé. Le processus de la répartition des deniers après une saisie mobilière suit des règles strictes, notamment sur le rôle du commissaire de justice et la gestion des contestations, souvent initiées par lettre recommandée avec avis de réception.

Régimes spécifiques pour navires et aéronefs

La saisie et la vente de biens comme un navire ou un aéronef sont soumises à des régimes dérogatoires prévus par un texte spécifique, le Code des transports. Ces procédures, qui touchent souvent à un contexte d’échange international, impliquent une identification des créanciers inscrits, qui détiennent une hypothèque, et un ordre de paiement des privilèges qui leur est propre. Il convient de se référer aux régimes dérogatoires pour navires et aéronefs pour en comprendre les subtilités, notamment dans le cadre de la réglementation européenne et internationale.

Le concours des créanciers et l’ordre des privilèges

Le cœur de la distribution est le principe du concours des créanciers : comment les classer lorsque les fonds sont insuffisants ? La loi, et la jurisprudence judiciaire qui l’interprète, distingue les créanciers privilégiés, payés en priorité, des créanciers chirographaires. Sauf exceptions, et quelle que soit la forme de la saisie, le premier saisissant n’a pas de privilège particulier. L’articulation des différents privilèges (frais de justice, salaires, Trésor public, bailleur) est d’une grande technicité en la matière et constitue une source majeure de contentieux.

Le rôle central du juge de l’exécution (JEX)

Bien que la loi ait cherché à « déjudiciariser » la distribution, le Juge de l’Exécution (JEX) reste un acteur clé. Il est compétent pour toutes les difficultés relatives à un titre exécutoire et aux contestations nées de l’exécution forcée. Il intervient lorsque le projet de répartition est contesté et que la conciliation échoue. Ses décisions sont des jugements, un acte doté de l’autorité de la chose jugée et susceptibles d’appel. En cas de manquement de l’agent d’exécution, il est possible d’engager la responsabilité d’un commissaire de justice.

Spécificités des procédures collectives et du surendettement

Les règles de distribution sont profondément altérées lorsque le débiteur est en procédure collective (sauvegarde, redressement, liquidation) ou en surendettement. Ces régimes spéciaux obéissent à des logiques propres.

Impact des procédures collectives

L’ouverture d’une procédure collective arrête les poursuites individuelles. La distribution des fonds est alors gérée par le mandataire ou le liquidateur judiciaire dans le cadre de la liquidation, selon un ordre de paiement strict qui favorise les créances nées pour les besoins de la procédure. De plus, les nullités de la « période suspecte » peuvent permettre d’annuler des actes passés juste avant le jugement d’ouverture, réintégrant ainsi des actifs dans le patrimoine à répartir.

Le régime du surendettement des particuliers

La procédure de surendettement, réservée aux particuliers de bonne foi, vise à trouver une solution pérenne. Les mesures vont du simple rééchelonnement au rétablissement personnel, qui peut aboutir à un effacement total des dettes non professionnelles, un véritable retour à meilleure fortune pour le débiteur. Il est crucial de comprendre les interactions entre le surendettement et les procédures de saisie pour protéger efficacement le débiteur.

Face à la technicité de ces procédures, que ce soit pour contester un projet de répartition ou optimiser le recouvrement, le recours à un avocat compétent en voies d’exécution est une démarche stratégique pour faire valoir vos droits.

Foire aux questions

Qu’est-ce que la distribution des deniers ?

La distribution des deniers est la procédure légale consistant à répartir une somme d’argent, issue d’une vente volontaire ou d’une saisie, entre les différents créanciers d’un même débiteur, en respectant un ordre de priorité défini par la loi.

Quelle différence entre une distribution amiable et forcée ?

La distribution amiable a lieu en dehors de toute saisie, par exemple après la vente volontaire d’un fonds de commerce, comme le dispose l’article 1281-1 du Code de procédure civile. La distribution forcée fait suite à une mesure d’exécution comme une saisie-vente et obéit à des règles plus strictes.

Tous les créanciers sont-ils payés de la même manière ?

Non. Les créanciers privilégiés (Trésor Public, salariés, créanciers hypothécaires) sont payés en priorité. Les créanciers chirographaires (sans garantie particulière) se partagent ce qui reste, proportionnellement (au taux du « marc le franc ») au montant de leur créance.

Quel est le rôle du juge de l’exécution (JEX) ?

Le Juge de l’Exécution intervient principalement pour trancher les litiges qui surviennent lors de la distribution, par exemple en cas de contestation sur le montant d’une créance ou sur l’ordre des paiements, lorsque la conciliation a échoué.

Une procédure de surendettement change-t-elle les règles ?

Oui, profondément. La procédure de surendettement des particuliers met en place un plan de traitement global qui prime sur les règles de distribution classiques. Elle peut aboutir à des rééchelonnements et même à un effacement total des dettes.

Que se passe-t-il en cas de désaccord sur le projet de répartition ?

En cas de contestation d’un projet de répartition, une tentative de conciliation est menée. Si le désaccord persiste, le litige est porté devant le Juge de l’Exécution, qui rendra une décision judiciaire pour trancher le différend après examen du document et des pièces justificatives.

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