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La rémunération du prêteur : taux d’intérêt, TEG et usure en droit bancaire et financier

Table des matières

Le recours au crédit est une étape fréquente dans la vie d’une entreprise comme dans celle d’un particulier. Mais tout emprunt a un coût : la rémunération du prêteur. Loin d’être laissée à la libre appréciation des banques, cette rémunération est encadrée par un ensemble de règles juridiques complexes, conçues pour protéger l’emprunteur. Cet article vous propose un survol des concepts fondamentaux qui régissent le coût d’un crédit, de la fixation des intérêts conventionnels au Taux Effectif Global (TEG), en passant par l’interdiction de l’usure. Chaque sujet, volontairement traité ici de manière synthétique, fait l’objet d’une analyse plus poussée dans nos articles dédiés. Notre cabinet propose une expertise juridique en droit bancaire et financier pour vous guider à travers ces mécanismes.

Les intérêts conventionnels : principes et modalités de fixation

L’intérêt représente le « loyer » de l’argent prêté. Il constitue la rémunération principale du prêteur pour le service rendu et le risque encouru. Si le prêt à intérêt a longtemps été prohibé en droit français pour des raisons morales et religieuses, sa licéité est aujourd’hui un principe solidement établi. Les parties au contrat de prêt sont libres de convenir d’un intérêt, mais cette liberté est encadrée par des exigences de forme et des limites de fond.

Licéité et principe de la rémunération

La validité de la stipulation d’intérêts est admise depuis la Révolution française. Le Code civil prévoit même que le prêt d’argent est, par nature, un contrat à titre onéreux. Cette évolution a consacré le droit pour le prêteur d’être rémunéré, même si le crédit gratuit reste une possibilité, notamment dans le cadre d’opérations commerciales spécifiques. Le principe est donc la liberté de fixer un intérêt, à condition de respecter certaines règles, notamment l’obligation d’un écrit et la prohibition de l’usure.

Modalités de détermination du taux

La fixation du taux d’intérêt peut revêtir plusieurs formes, chacune ayant des conséquences distinctes pour l’emprunteur. Le taux fixe, comme son nom l’indique, reste constant pendant toute la durée du prêt, offrant une parfaite prévisibilité des échéances. À l’inverse, le taux variable (ou révisable) évolue en fonction d’un indice de référence, comme l’Euribor. Cette variabilité peut être avantageuse en cas de baisse des taux, mais expose l’emprunteur à un risque de hausse. Pour tout comprendre des risques et protections associés aux prêts à taux variable ou en devises, consultez notre article détaillé. D’autres pratiques, comme l’anatocisme (capitalisation des intérêts) ou l’utilisation de l’année lombarde pour le calcul, sont également strictement réglementées.

Le taux effectif global (TEG/TAEG) : le coût réel et transparent du crédit

Le taux d’intérêt nominal ne reflète qu’une partie du coût d’un crédit. Pour permettre à l’emprunteur d’apprécier la charge financière réelle de son engagement, la loi impose la mention d’un indicateur synthétique : le Taux Effectif Global (TEG), ou Taux Annuel Effectif Global (TAEG) pour les crédits à la consommation et immobiliers. C’est l’outil de transparence par excellence.

Définition et utilité du TEG/TAEG

Le TEG a une double fonction. D’une part, il assure une information complète et honnête de l’emprunteur en agrégeant, en un seul pourcentage, l’ensemble des coûts liés à l’octroi du crédit. Il permet ainsi de comparer objectivement les offres de différents établissements. D’autre part, c’est ce taux qui sert de référence pour vérifier si un prêt dépasse le seuil de l’usure. Son exactitude est donc fondamentale.

Composantes et calcul du TEG/TAEG

L’assiette de calcul du TEG est large. Elle inclut non seulement les intérêts conventionnels, mais aussi tous les frais, commissions, ou rémunérations de toute nature qui sont une condition pour obtenir le crédit. On y retrouve par exemple les frais de dossier, les primes d’assurance emprunteur imposées par la banque, les frais de garantie ou encore le coût de souscription de parts sociales dans les banques mutualistes. L’omission ou l’erreur dans l’intégration d’un de ces éléments peut rendre le TEG erroné et ouvrir droit à des sanctions. Pour une analyse complète des méthodes de calcul du TEG/TAEG et des sanctions applicables, notre article dédié vous fournira toutes les précisions nécessaires.

La prohibition des taux usuraires : une limite à la liberté contractuelle

La liberté de fixer le taux d’intérêt n’est pas absolue. Le droit français maintient une protection forte contre les taux excessifs à travers la prohibition de l’usure. Un prêt est considéré comme usuraire lorsque son TEG/TAEG dépasse un certain plafond, appelé « taux d’usure » ou « seuil de l’usure ».

Définition et évolution de l’usure

Un prêt usuraire est un prêt consenti à un taux qui excède de plus du tiers le taux effectif moyen pratiqué par les établissements de crédit pour des opérations similaires au cours du trimestre précédent. Ces taux moyens sont calculés et publiés chaque trimestre par la Banque de France pour différentes catégories de prêts (crédits immobiliers, crédits à la consommation selon leur montant, etc.). Le domaine d’application de cette prohibition a évolué : si elle protège principalement les particuliers, certaines opérations de crédit aux professionnels, comme les découverts en compte, y restent soumises.

Sanctions des prêts usuraires

Le dépassement du taux d’usure est lourdement sanctionné. Sur le plan civil, les intérêts perçus en trop doivent être restitués à l’emprunteur et imputés sur le capital restant dû. Sur le plan pénal, le fait de consentir un prêt usuraire constitue un délit, passible d’une peine d’emprisonnement et d’une amende importante. Ces sanctions visent à dissuader les prêteurs de pratiquer des taux abusifs. Les subtilités de la définition et des sanctions du prêt usuraire sont explorées en détail dans notre article sur le sujet.

Un cadre légal en constante évolution pour la protection de l’emprunteur

La réglementation de la rémunération du prêteur est une matière technique et en perpétuelle évolution jurisprudentielle. Les règles relatives au TEG, notamment, ont généré un contentieux abondant, poussant le législateur et les tribunaux à préciser et parfois modifier les sanctions applicables. Qu’il s’agisse de vérifier la validité d’une clause d’intérêt, l’exactitude d’un TEG ou le caractère potentiellement usuraire d’un prêt, l’analyse requiert une connaissance précise des textes et de leur interprétation. Une erreur dans une offre de prêt peut avoir des conséquences financières significatives tant pour le prêteur que pour l’emprunteur.

L’analyse d’un contrat de crédit et de ses conditions financières est un exercice complexe. Si vous avez des doutes sur la conformité de votre prêt ou si vous souhaitez sécuriser vos futures opérations de financement, prenez contact avec notre cabinet d’avocats pour un examen approfondi de votre situation.

Foire aux questions

Quelle est la différence entre le taux nominal et le TEG/TAEG ?

Le taux nominal (ou taux débiteur) représente uniquement la rémunération de la banque, c’est-à-dire les intérêts du prêt. Le TEG/TAEG est beaucoup plus large : il inclut le taux nominal ainsi que tous les autres frais obligatoires liés au crédit (frais de dossier, assurance, garanties, etc.), offrant une vision complète du coût total.

Un prêt sans intérêt est-il possible en France ?

Oui, le crédit gratuit est tout à fait légal. Il est souvent utilisé dans un cadre commercial pour des paiements en plusieurs fois sans frais, où le vendeur prend en charge le coût du crédit. Le prêt entre particuliers peut également être consenti sans intérêt.

Que se passe-t-il si mon prêt est jugé usuraire ?

Si un tribunal constate qu’un prêt est usuraire, les sommes perçues par le prêteur au-delà du capital emprunté sont considérées comme excessives. Elles doivent être restituées à l’emprunteur, généralement en étant déduites du capital qu’il reste à rembourser. Des sanctions pénales peuvent également être prononcées contre le prêteur.

Tous les frais sont-ils inclus dans le calcul du TEG ?

Non, seuls les frais qui constituent une condition pour obtenir le crédit ou pour l’obtenir aux conditions annoncées doivent être inclus. Par exemple, les pénalités pour remboursement anticipé ou les frais liés à l’inexécution du contrat ne sont pas pris en compte dans le calcul initial du TEG.

Puis-je contester un TEG erroné plusieurs années après avoir signé mon prêt ?

Oui, c’est possible, mais l’action est soumise à un délai de prescription de cinq ans. Le point de départ de ce délai est une question complexe : il court à compter du jour où l’emprunteur a connu ou aurait dû connaître l’erreur, ce qui dépend de la nature de l’erreur et de la qualité de l’emprunteur (professionnel ou consommateur).

Le banquier peut-il changer le taux d’intérêt de mon prêt ?

Si vous avez un prêt à taux fixe, le taux ne peut pas être modifié unilatéralement. Pour un prêt à taux variable, le taux évolue selon les modalités prévues au contrat, qui doivent se baser sur un indice objectif et indépendant de la seule volonté du banquier.

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