Entrepreneur français étudiant des documents sur le droit commercial à Wallis-et-Futuna dans un bureau moderne et lumineux.

Droit commercial à wallis-et-futuna : régime juridique, spécificités et adaptations

Table des matières

Le droit commercial applicable aux îles Wallis et Futuna est un exemple frappant de la complexité juridique des collectivités d’outre-mer. Bien que relevant de la souveraineté française et de l’autorité de l’Administrateur supérieur, ce territoire du Pacifique (composé des îles Wallis (Uvéa), Futuna et Alofi) ne voit pas le droit métropolitain s’appliquer de manière automatique. Pour toute entreprise, qu’elle soit locale ou envisageant de s’y implanter, la compréhension de ce cadre juridique singulier est fondamentale pour sécuriser ses activités. Naviguer entre les dispositions du droit commun qui sont étendues, celles qui sont adaptées par loi ou ordonnance et celles qui sont purement et simplement exclues requiert une analyse fine. Si vous êtes confronté à des questions complexes sur le droit commercial à Wallis-et-Futuna ou un accompagnement juridique sur mesure, n’hésitez pas à contacter nos experts en droit commercial.

Les fondements de l’application du droit français et ses tempéraments spécifiques

Le régime juridique de Wallis-et-Futuna illustre le principe de spécialité législative qui gouverne certaines collectivités ultramarines. Contrairement à une application de plein droit, chaque texte de loi français doit mentionner explicitement son extension à ce territoire pour y être en vigueur.

Le statut constitutionnel et le principe d’assimilation nuancée

En tant que collectivité d’outre-mer régie par l’article 74 de la Constitution, Wallis-et-Futuna échappe au principe d’unité de la législation française. Concrètement, les lois et règlements métropolitains ne sont applicables que sur mention expresse dans le texte, généralement dans leur version en vigueur au moment de la promulgation. Ce mécanisme permet une adaptation du droit aux particularités locales, mais il engendre un corpus de règles unique. Le Code de commerce ne s’applique donc pas en bloc. Si une grande partie de ses dispositions a été étendue, de nombreuses exceptions et adaptations subsistent, créant un paysage juridique à géométrie variable qu’il est impératif de maîtriser pour tout acteur économique.

Les motifs des exclusions et adaptations du Code de commerce

Les raisons justifiant la non-application de certains pans du Code de commerce sont souvent liées aux réalités économiques, sociales et géographiques du territoire. Par exemple, les dispositions du Livre Ier relatives aux activités professionnelles ambulantes (art. L. 123-29 à L. 123-31 du Code de commerce) sont exclues, le tissu économique local répondant à des logiques différentes de celles de la métropole. De même, les textes concernant les sociétés coopératives de commerçants ou les vendeurs à domicile indépendants ne sont pas applicables. Ces particularismes législatifs et réglementaires ne sont pas isolés et peuvent être comparés aux régimes spécifiques du droit commercial à Mayotte, qui partage certaines similarités d’adaptation. Cette approche, présentée comme un fondement du développement local, vise à doter le statut de territoire d’un cadre légal qui, tout en s’inspirant du droit commun, ne constitue pas une entrave à son développement.

L’organisation judiciaire commerciale spécifique à Wallis-et-Futuna

Une des singularités les plus notables du droit commercial à Wallis-et-Futuna réside dans son organisation judiciaire. Faute de juridiction commerciale autonome, le contentieux des affaires est traité par une structure de droit commun qui présente des caractéristiques uniques. Pour une compréhension plus globale des spécificités judiciaires des territoires d’outre-mer, notre article sur l’organisation judiciaire commerciale ultramarine et aux tribunaux mixtes de commerce offre une perspective précieuse.

Le Tribunal de Première Instance de Mata-Utu : une justice commerciale mixte

À Wallis-et-Futuna, il n’existe pas de tribunal de commerce distinct. C’est le Tribunal de Première Instance (TPI) de Mata-Utu qui statue en matière commerciale. Sa composition révèle une forme originale de justice mixte. Si les affaires peuvent être traitées par un juge unique, magistrat de carrière, la procédure permet le renvoi devant une formation collégiale. Cette dernière n’est pas uniquement composée de magistrats professionnels ; elle inclut des assesseurs citoyens, choisis pour leurs garanties de compétence et d’impartialité. Cette mixité vise à rapprocher la justice des réalités locales en intégrant des personnalités issues de la société civile, parfois familières du droit coutumier, même si une compétence technique spécifique en droit des affaires n’est pas formellement requise pour ces dernières.

Compétence matérielle et territoriale des juridictions commerciales

Le TPI de Mata-Utu a une compétence générale pour tous les litiges commerciaux, qu’il s’agisse de contestations relatives aux engagements entre commerçants, aux sociétés commerciales ou aux actes de commerce. Sa compétence territoriale couvre l’ensemble de la collectivité. Les appels contre ses décisions sont portés devant la Cour d’appel de Nouméa (COJ, art. D. 532-1), en Nouvelle-Calédonie, ce qui témoigne des liens judiciaires étroits entre Nouméa et Mata-Utu. Cette organisation centralisée est une conséquence directe de la taille réduite du territoire et du volume d’affaires, qui ne justifient pas la création d’une cour d’appel locale.

Les nuances du droit des baux commerciaux et de la gérance-mandat

Le bail commercial et la gérance-mandat sont deux outils contractuels essentiels pour les entreprises. À Wallis-et-Futuna, leur régime juridique présente des adaptations qu’il est indispensable de connaître pour les bailleurs comme pour les locataires.

Adaptations du régime des baux commerciaux : loyers et conciliation

Le statut des baux commerciaux est applicable, mais avec des ajustements significatifs. Concernant la fixation du loyer du bail renouvelé, l’article L. 951-12 du Code de commerce adapte les dispositions métropolitaines. La variation du loyer n’est pas plafonnée par référence à l’indice des loyers commerciaux (ILC) ou à l’indice du coût de la construction (ICC) nationaux, mais par rapport à un indice local trimestriel du coût de la construction qui fixe le taux de révision. De plus, depuis un décret de 2017, les dispositions réglementaires relatives à la commission de conciliation sont applicables, offrant une voie de résolution amiable pour les litiges locatifs. Pour une compréhension approfondie des droits et obligations des parties, un guide complet sur la gestion des baux commerciaux au quotidien s’avère pertinent.

La gérance-mandat : information précontractuelle et conformité

Le contrat de gérance-mandat permet au propriétaire d’un fonds de commerce d’en confier la gestion à un mandataire. Une particularité importante à Wallis-et-Futuna est l’applicabilité, depuis le décret n°2017-630 du 25 avril 2017, des dispositions réglementaires concernant l’information précontractuelle. Auparavant exclues, les dispositions des articles D. 146-1 et D. 146-2 du Code de commerce, applicables dans leur rédaction résultant de ce texte, s’appliquent désormais. Le mandant a donc l’obligation de fournir au futur gérant-mandataire un document détaillé contenant des informations sincères sur l’entreprise. Cette obligation renforce la sécurité juridique du gérant-mandataire en lui permettant de s’engager en pleine connaissance de cause.

Le droit des procédures collectives : spécificités et implications pratiques

Les entreprises qui rencontrent des difficultés à Wallis-et-Futuna sont soumises aux procédures de sauvegarde, de redressement et de liquidation judiciaires du droit commun, dont le cadre a été modernisé par l’ordonnance du 12 mars 2014. Cependant, des exclusions spécifiques modifient le paysage juridique et ont des conséquences pratiques importantes. En cas de difficultés, la compréhension de la période d’observation est un guide essentiel en procédure collective pour les entreprises en difficulté, même si des spécificités locales s’appliquent.

Exclusions de certaines dispositions salariales et règles de réalisation d’actifs

Une des exclusions les plus significatives concerne la garantie des salaires. L’article L. 625-9 du Code de commerce, qui organise la garantie des créances salariales par l’Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés (AGS), n’est pas applicable sur le territoire. Cette inapplicabilité, résultant de la non-extension prévue par la loi, a un impact direct sur les salariés d’une entreprise en procédure collective, qui ne bénéficient pas du même niveau de protection qu’en métropole. De même, les dispositions fiscales liées aux sommes versées par l’AGS (article L. 622-19) sont écartées. Ces exclusions découlent des particularités du droit social local et imposent une vigilance accrue quant à la gestion des créances salariales.

Impact des régimes dérogatoires sur les entreprises en difficulté

L’absence de certains filets de sécurité du droit commun, notamment en matière salariale, modifie l’équilibre des procédures collectives. Pour les dirigeants, cela implique une gestion anticipée des difficultés et une attention particulière à la trésorerie disponible pour couvrir les droits des salariés et le financement de la période d’observation. Pour les créanciers, l’absence de l’AGS comme interlocuteur modifie la hiérarchie des paiements. Ces régimes dérogatoires créent un environnement où l’anticipation et le conseil juridique en amont sont encore plus déterminants pour la survie de l’entreprise ou pour une liquidation ordonnée des actifs.

Autres particularismes du droit commercial à Wallis-et-Futuna

Au-delà des grands domaines que sont les baux commerciaux ou les procédures collectives, le droit des affaires à Wallis-et-Futuna est marqué par d’autres spécificités qui touchent à la concurrence, aux sûretés ou au statut des entrepreneurs individuels.

Droit de la concurrence : une application adaptée

Le droit de la concurrence s’applique de manière adaptée. Si les règles de l’Union européenne en la matière sont exclues, le droit national de la concurrence, notamment les dispositions de l’art. L. 752-27 du Code de commerce relatif à la lutte contre les monopoles et quasi-monopoles dans le commerce de gros ou de détail, est applicable. L’Autorité de la concurrence peut ainsi intervenir pour adresser des injonctions ou infliger des sanctions à une entreprise en position dominante dont les prix ou les marges seraient jugés excessifs. Dans ce cadre, la surveillance des marchés est cruciale pour éviter les pratiques anticoncurrentielles, comme les abus d’exploitation par une entreprise dominante.

Warrants, activités ambulantes et statut du conjoint collaborateur

Le régime juridique local se distingue par des exclusions ciblées. Les dispositions législatives relatives aux dépôts en magasins généraux (art. L. 522-1 à L. 522-40 du Code de commerce), qui constituent la base du warrant sur stocks, ne sont pas applicables. Ce particularisme financier limite les options de garantie sur les marchandises. De même, la réglementation sur les activités commerciales et artisanales ambulantes est écartée. En revanche, une évolution notable, résultant de la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (dite loi PACTE), concerne le statut du conjoint collaborateur. Longtemps soumis à des règles dérogatoires, ce statut a été récemment aligné sur le droit commun. Il n’y a plus de condition relative à un effectif maximum de salariés, ce qui harmonise sa situation avec celle de la métropole. Parmi les particularismes financiers, la question des sûretés sur stocks peut être approfondie par notre guide pratique sur le warrant de magasin général, même si son application directe est affectée par les exclusions locales.

Le droit commercial de Wallis-et-Futuna, par son système d’application à la carte du droit français, impose une expertise pointue pour toute entreprise opérant sur ce territoire. Pour naviguer avec assurance dans ce paysage juridique spécifique et bénéficier d’un conseil adapté, n’hésitez pas à consulter nos experts en droit commercial, qui interviennent jusqu’en appel à Nouméa.

Sources

  • Code de commerce
  • Code de l’organisation judiciaire
  • Constitution du 4 octobre 1958

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