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Sauvegarde et redressement judiciaire : le guide pour comprendre les procédures

Table des matières

Confrontée à des difficultés économiques ou financières, une entreprise dispose de mécanismes juridiques pour tenter de surmonter ses problèmes et assurer sa pérennité. La sauvegarde et le redressement judiciaire sont deux procédures collectives distinctes, mais souvent confondues. Comprendre leurs différences, leurs objectifs et leur déroulement est essentiel pour tout dirigeant soucieux d’anticiper ou de gérer une crise. Ce guide synthétise les informations clés pour naviguer dans ces processus complexes.

Quand une entreprise est-elle considérée « en difficulté » ?

Avant d’aborder les procédures elles-mêmes, il faut identifier les signaux qui caractérisent une entreprise en difficulté. Le droit commercial français s’appuie sur des critères précis, mais aussi sur des indicateurs plus larges qui doivent alerter les dirigeants.

La notion clé de cessation des paiements

Le critère juridique déterminant est la « cessation des paiements ». Selon le Code de commerce, une entreprise est en état de cessation des paiements lorsqu’elle se trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Concrètement, cela signifie que l’entreprise ne peut plus régler ses dettes arrivées à échéance (salaires, fournisseurs, charges sociales, impôts…) avec ses liquidités immédiates ou ses actifs rapidement mobilisables (trésorerie, créances clients à très court terme…). Cet état est le seuil déclencheur du redressement judiciaire.  

Les autres indicateurs de difficultés

Bien avant d’atteindre la cessation des paiements, d’autres signes peuvent indiquer des difficultés sérieuses justifiant une réaction :

  • Une baisse significative et durable du chiffre d’affaires.
  • Des pertes d’exploitation récurrentes.
  • La perte de clients importants ou de marchés stratégiques.
  • Des difficultés à obtenir ou renouveler des financements bancaires.
  • L’accumulation de retards de paiement auprès des fournisseurs ou des organismes sociaux.
  • Des tensions de trésorerie croissantes.

Ces indicateurs, même s’ils ne caractérisent pas encore la cessation des paiements, signalent un risque élevé et peuvent ouvrir la voie à la procédure de sauvegarde, conçue justement pour anticiper l’insolvabilité.

La sauvegarde : une procédure pour anticiper

La procédure de sauvegarde est un outil préventif destiné aux entreprises qui, sans être en cessation des paiements, rencontrent des difficultés qu’elles ne sont pas en mesure de surmonter seules.

Conditions d’ouverture et objectifs

Seul le dirigeant de l’entreprise peut demander l’ouverture d’une sauvegarde. Il doit justifier de difficultés avérées (économiques, juridiques, financières) qui, si elles ne sont pas traitées, risquent de conduire à la cessation des paiements. L’objectif principal est de faciliter la réorganisation de l’entreprise pour lui permettre de maintenir son activité économique, de préserver les emplois et d’assurer l’apurement de son passif. C’est une démarche volontaire d’anticipation.  

Les grandes étapes : de la demande au plan

Après la demande du débiteur, si les conditions sont réunies, le tribunal ouvre la procédure par un jugement. S’ensuit une période d’observation (généralement 6 mois, renouvelable) durant laquelle l’entreprise continue son activité sous surveillance. Pendant cette période, un bilan économique, social et environnemental est dressé. L’objectif est d’élaborer un projet de plan de sauvegarde qui présentera les mesures de réorganisation et les propositions de règlement des dettes.  

Focus sur la négociation avec les créanciers

L’élaboration du plan implique une phase de négociation, souvent intense, avec les créanciers. Ceux-ci sont parfois regroupés en comités (comité des établissements de crédit, comité des principaux fournisseurs) pour faciliter les discussions. L’issue dépendra de la capacité à préparer et négocier un plan de sauvegarde acceptable pour une majorité de créanciers tout en étant réaliste pour l’entreprise. Le plan est ensuite soumis au vote des comités, le cas échéant, puis à l’homologation du tribunal.  

Le redressement judiciaire : réorganiser pour survivre

Contrairement à la sauvegarde, le redressement judiciaire intervient une fois que l’entreprise est déjà en état de cessation des paiements. C’est une procédure curative, visant à redresser une situation déjà critique.

Différences fondamentales avec la sauvegarde

La différence majeure réside dans le moment de l’intervention : la sauvegarde anticipe la cessation des paiements, le redressement la traite. Si seul le débiteur peut demander la sauvegarde, le redressement peut aussi être demandé par un créancier ou le ministère public. L’objectif reste similaire : la poursuite de l’activité, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif, mais les chances de succès sont statistiquement plus faibles car la situation est plus dégradée.  

La période d’observation : un moment décisif

Comme en sauvegarde, une période d’observation s’ouvre après le jugement d’ouverture. Elle permet d’analyser la viabilité de l’entreprise et d’envisager les solutions. Un administrateur judiciaire est souvent désigné pour assister (ou parfois représenter) le dirigeant dans la gestion. Un mandataire judiciaire représente les créanciers. Cette période est essentielle pour déterminer si un redressement est possible.  

Les issues possibles : plan de redressement ou cession

Au terme de la période d’observation, plusieurs issues sont envisageables :

  1. Le plan de redressement : Si l’entreprise est jugée viable, un plan est arrêté par le tribunal. Il organise la poursuite de l’activité, définit les modalités de règlement du passif (souvent avec des délais et remises) et peut inclure des mesures de réorganisation. Le contenu d’un plan de sauvegarde ou de redressement détaille ces aspects cruciaux. L’exécution et suivi du plan sont ensuite surveillés.  
  2. La cession de l’entreprise : Si le redressement par le débiteur lui-même apparaît impossible, le tribunal peut ordonner la cession totale ou partielle de l’entreprise à un repreneur. L’objectif est alors de sauvegarder les activités et les emplois transférables.  
  3. La liquidation judiciaire : Si aucun plan de redressement ou de cession n’est possible, le tribunal prononce la liquidation judiciaire, mettant fin à l’activité de l’entreprise.

Points communs et différences essentielles entre sauvegarde et redressement

Malgré leurs différences, ces procédures partagent des mécanismes :

  • Objectif : Tenter de sauver l’entreprise et les emplois.
  • Période d’observation : Phase d’analyse et d’élaboration de solutions.
  • Gel du passif antérieur : Interdiction de payer les dettes nées avant le jugement d’ouverture.
  • Arrêt des poursuites individuelles : Les créanciers ne peuvent plus agir individuellement contre l’entreprise.
  • Plan : L’issue recherchée est l’adoption d’un plan (sauvegarde ou redressement) organisant le remboursement des dettes sur une durée pouvant aller jusqu’à 10 ans.

La différence fondamentale reste le critère déclencheur : la sauvegarde est ouverte avant la cessation des paiements, sur initiative du débiteur ; le redressement est ouvert après la cessation des paiements, à la demande du débiteur, d’un créancier ou du parquet.

Le rôle central de l’avocat dans ces procédures

Naviguer dans les méandres de la sauvegarde ou du redressement judiciaire est complexe et requiert une expertise juridique certaine. Que ce soit pour évaluer la situation, choisir la procédure adéquate, préparer le dossier de demande, négocier avec les créanciers, élaborer un plan viable ou défendre les intérêts du dirigeant face aux organes de la procédure, l’assistance d’un conseil est indispensable. Un avocat expert en entreprises en difficulté apporte non seulement sa connaissance technique du droit, mais aussi une vision stratégique pour maximiser les chances de succès et protéger le patrimoine du dirigeant.

Si votre entreprise rencontre des difficultés ou si vous anticipez des tensions à venir, il est prudent de consulter rapidement. N’hésitez pas à contacter notre cabinet pour un accompagnement juridique spécialisé pour une analyse confidentielle de votre situation et pour définir la stratégie la plus adaptée.

Foire aux questions

Quelle est la principale différence entre sauvegarde et redressement ?

La sauvegarde est demandée par une entreprise qui n’est pas encore en cessation des paiements pour anticiper ses difficultés, tandis que le redressement judiciaire concerne une entreprise déjà en cessation des paiements.

Qui peut demander l’ouverture d’une procédure de sauvegarde ?

Seul le représentant légal de l’entreprise (le débiteur) peut demander l’ouverture d’une procédure de sauvegarde.  

Combien de temps dure une période d’observation ?

La période d’observation dure initialement 6 mois au maximum, mais elle peut être renouvelée une fois, voire exceptionnellement une seconde fois à la demande du procureur, portant sa durée maximale à 18 mois.  

Un plan de sauvegarde peut-il être modifié ?

Oui, un plan de sauvegarde (ou de redressement) peut faire l’objet de modifications substantielles si des changements importants dans la situation de l’entreprise le justifient, sous le contrôle du tribunal.  

Que se passe-t-il si aucun plan n’est adopté ?

En sauvegarde, si aucun plan n’est possible, la procédure peut être clôturée si les difficultés ont disparu, ou convertie en redressement ou liquidation si l’entreprise est entre-temps tombée en cessation des paiements. En redressement, l’échec de l’adoption d’un plan conduit généralement à la conversion en liquidation judiciaire.   Sources et contenu associé

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