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Saisie immobilière : la description des lieux doit inclure les aspects juridiques du bien selon la Cour de cassation

Table des matières

La première chambre civile de la Cour de cassation vient de préciser l’étendue des obligations du commissaire de justice lors de l’établissement d’un procès-verbal de description dans le cadre d’une saisie immobilière. Dans un arrêt du 26 juin 2024 (Cass. 1re civ., 26 juin 2024, n° 23-13.236, Publié au bulletin), elle affirme sans ambiguïté que la description des lieux s’entend « nécessairement de la situation juridique du bien » et doit inclure « l’empiètement d’un bien sur une parcelle contiguë ». Cette décision renforce les exigences pesant sur les professionnels chargés de cette formalité essentielle.

Le procès-verbal de description : une étape cruciale dans la saisie immobilière

La saisie immobilière vise à vendre aux enchères un bien immobilier appartenant à un débiteur défaillant pour désintéresser ses créanciers. L’article L. 311-1 du Code des procédures civiles d’exécution (CPCE) la définit comme tendant « à la vente forcée de l’immeuble sur lequel elle porte, en vue de la distribution de son prix ». Cette procédure se déclenche généralement après l’obtention d’un titre exécutoire et saisie immobilière, permettant ainsi au créancier de récupérer une partie de sa créance. Les enchères peuvent attirer divers acquéreurs, mais elles sont également sujettes à des règles strictes afin d’assurer la transparence et l’équité du processus. Une fois le bien vendu, le produit de la vente est réparti entre les créanciers selon leur rang et les priorités légales.

Avant cette vente, plusieurs actes préparatoires doivent être accomplis. Parmi eux, le procès-verbal de description des lieux tient une place centrale. Le commissaire de justice doit pénétrer dans les locaux pour dresser un état détaillé du bien, même en cas d’absence ou de résistance des occupants, conformément à l’article R. 322-1 du CPCE.

Ce document doit contenir, selon l’article R. 322-2 du CPCE :

  • La description des lieux, leur composition et superficie
  • Les conditions d’occupation et l’identité des occupants
  • Le nom et l’adresse du syndic de copropriété, le cas échéant
  • Tous autres renseignements utiles sur l’immeuble

Pour réaliser cette mission, le commissaire peut utiliser tout moyen approprié, comme des photographies, et se faire assister par des professionnels qualifiés si nécessaire.

Une affaire révélatrice des enjeux de précision

L’arrêt du 26 juin 2024 trouve son origine dans une situation classique mais mal maîtrisée. Un couple avait contracté un prêt bancaire pour acquérir plusieurs parcelles, garanti par une inscription de privilège et une hypothèque conventionnelle. Suite à un défaut de paiement, la banque a engagé une procédure de saisie immobilière.

Le dossier a pris une tournure inattendue : trois ans et demi après le début de la procédure, le commandement de payer valant saisie et tous les actes subséquents ont été annulés. La raison? Une construction située sur les parcelles saisies s’étendait partiellement sur une parcelle voisine non incluse dans la saisie.

La banque a alors assigné en responsabilité l’huissier de justice (désormais commissaire de justice) et les avocats impliqués, estimant que leurs fautes avaient conduit à cette annulation coûteuse.

La Cour de cassation élargit la notion de description

L’huissier mis en cause a formé un pourvoi, soutenant que la « description des lieux » se limitait à leur composition et superficie, sans inclure leur situation juridique. La Cour de cassation a rejeté cette interprétation restrictive.

Pour les hauts magistrats, « la description des lieux s’entend nécessairement de la situation juridique du bien et doit dès lors inclure l’empiètement d’un bien sur une parcelle contiguë à celle faisant l’objet de la saisie immobilière ». Cela implique une évaluation rigoureuse des droits afférents à chaque propriété concernée. En conséquence, lors de l’audience d’incident saisie immobilière, les magistrats doivent examiner minutieusement les éléments de preuve et les arguments des parties. Une telle approche garantit que la situation juridique est clairement définie et que les droits des différents propriétaires sont respectés.

Cette position renforce l’exigence d’information complète des acquéreurs potentiels. Elle s’inscrit dans une logique de transparence et de sécurité juridique.

Conséquences pratiques pour les professionnels du droit

Cette décision alourdit la responsabilité des commissaires de justice, qui devront désormais vérifier avec soin les aspects juridiques du bien avant de rédiger leur procès-verbal.

Les avocats des créanciers poursuivants ne sont pas épargnés. Une jurisprudence antérieure (Civ. 1re, 25 novembre 2010, n° 09-70.767) avait déjà précisé que l’avocat engageait sa responsabilité s’il disposait « d’éléments de nature à éveiller ses soupçons » concernant une discordance dans la désignation du bien saisi.

Pour les praticiens, cette décision impose une vigilance accrue lors de la phase préparatoire de la saisie immobilière: Ils doivent s’assurer que toutes les formalités sont correctement remplies et que les créances sont dûment déclarées. En effet, la déclaration de créance saisie immobilière est une étape cruciale qui peut influencer l’issue de la procédure. Une négligence à ce stade pourrait engendrer des retards significatifs ou des contestations ultérieures. De plus, il est essentiel de prendre en compte la notion d’indivisibilité et saisie immobilière, car cela peut compliquer davantage le processus si plusieurs créanciers sont impliqués. Les praticiens doivent également anticiper les conflits potentiels liés à la répartition des créances, car une gestion précautionneuse des parts de chacun est nécessaire pour éviter des litiges. En veillant à respecter toutes les exigences légales, les professionnels pourront mieux protéger les intérêts de leurs clients tout au long de la procédure.

  1. Consulter les documents cadastraux avec précision
  2. Vérifier la correspondance entre les limites de propriété et les constructions existantes
  3. S’assurer que les parcelles saisies correspondent exactement aux biens hypothéqués
  4. Mentionner dans le procès-verbal tout élément juridique pertinent, comme les servitudes ou les empiètements

Un procès-verbal incomplet ou inexact peut entraîner l’annulation de toute la procédure, avec des conséquences financières significatives pour le créancier et des risques de mise en cause pour les professionnels impliqués.

Vous envisagez une procédure de saisie immobilière ou vous êtes concerné par une telle situation? Notre cabinet peut vous accompagner dans ces démarches complexes. L’expérience montre qu’une analyse juridique approfondie en amont de la procédure permet souvent d’éviter des contestations ultérieures coûteuses.

Sources

  • Civ. 1re, 26 juin 2024, F-B, n° 23-13.236
  • Code des procédures civiles d’exécution, articles L. 311-1, R. 322-1, R. 322-2 et R. 322-3
  • Civ. 2e, 15 octobre 2015, n° 14-16.677, AJDI 2016
  • Civ. 1re, 25 novembre 2010, n° 09-70.767

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