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Comprendre l’ACPR : Rôle, missions et contrôle du secteur bancaire et assurantiel

Table des matières

L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, plus connue sous l’acronyme ACPR, est une institution incontournable dans le paysage financier français. Que vous soyez client d’une banque, souscripteur d’une assurance ou dirigeant d’un établissement financier, comprendre son rôle et ses missions est essentiel. Cet article synthétise les points clés concernant cette autorité, son organisation, ses pouvoirs et les situations où l’intervention d’un avocat peut s’avérer pertinente.

Qu’est-ce que l’ACPR ?

Une autorité de supervision clé pour la banque et l’assurance

L’ACPR est l’organe français chargé de la supervision des secteurs de la banque et de l’assurance. Sa mission première est double : veiller à la préservation de la stabilité du système financier et assurer la protection des clients, assurés, adhérents et bénéficiaires des services proposés par les organismes soumis à son contrôle. Elle n’est pas une autorité de régulation au sens strict, car elle ne dispose pas d’un pouvoir réglementaire général comme l’Autorité des marchés financiers (AMF). Son rôle est avant tout de superviser, c’est-à-dire de contrôler l’application des règles existantes.  

Son origine : Fusion pour une vision globale

L’ACPR est née en 2010 de la fusion de plusieurs autorités d’agrément et de contrôle préexistantes dans les secteurs bancaire et assurantiel. Avant sa création, la supervision était fragmentée : la Commission bancaire et le Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement (CECEI) pour la banque, l’Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (ACAM) et le Comité des entreprises d’assurance (CEA) pour l’assurance. La crise financière de 2008 a mis en lumière la nécessité d’une approche plus intégrée, conduisant à la création de l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP). En 2013, ses compétences ont été étendues à la résolution des crises bancaires, et elle est devenue l’ACPR.  

Un statut particulier : Adossée à la Banque de France

L’ACPR possède un statut « sui generis ». Elle est adossée à la Banque de France, ce qui signifie qu’elle fonctionne en étroite collaboration avec elle, partageant des moyens et des personnels. Le Gouverneur de la Banque de France préside d’ailleurs le collège de supervision de l’ACPR. Bien qu’elle ait été initialement considérée comme une Autorité Administrative Indépendante (AAI), elle a perdu ce statut formel en 2017. Cependant, elle conserve une large autonomie fonctionnelle et décisionnelle. L’ACPR n’a pas la personnalité morale propre ; c’est l’État qui est responsable en cas de faute lourde commise par l’Autorité dans l’exercice de ses missions. Vous pouvez trouver plus de détails sur le statut et l’organisation de l’ACPR.  

Quelles sont les missions principales de l’ACPR ?

Les missions de l’ACPR, définies principalement par l’article L. 612-1 du Code monétaire et financier, sont vastes et couvrent l’ensemble du cycle de vie des établissements sous son contrôle.  

Assurer la stabilité du système financier

C’est l’objectif premier et transversal de l’ACPR. Toutes ses actions, de l’agrément à la résolution, visent à prévenir les crises et à maintenir la solidité des secteurs bancaire et assurantiel, indispensables au bon fonctionnement de l’économie.  

Protéger les clients, assurés et adhérents

L’ACPR veille à la protection des consommateurs de produits et services financiers et d’assurance. Elle s’assure que les établissements respectent les règles de bonne conduite, les pratiques commerciales loyales et les dispositions visant à protéger la clientèle. Elle peut émettre des recommandations ou approuver des codes de conduite professionnels.  

Contrôler le respect des réglementations

L’Autorité s’assure que les entités qu’elle supervise respectent l’ensemble des dispositions législatives et réglementaires qui leur sont applicables, qu’elles soient nationales ou européennes. Cela inclut le Code monétaire et financier, le Code des assurances, le Code de la mutualité, le Code de la sécurité sociale pour certaines activités, mais aussi les règlements européens directement applicables.  

Délivrer les agréments (banque, assurance, certains services financiers)

L’accès aux activités bancaires, financières (pour certains services) et d’assurance est subordonné à un agrément délivré par l’ACPR (ou la BCE pour les banques les plus importantes). L’ACPR examine les dossiers de demande, vérifie que les conditions requises sont remplies (fonds propres, gouvernance, honorabilité des dirigeants, etc.) et prend la décision d’octroyer, refuser ou assortir l’agrément de conditions particulières.  

Surveiller la solvabilité et la liquidité des acteurs

L’ACPR exerce une surveillance permanente de la situation financière des établissements. Elle contrôle notamment qu’ils disposent de fonds propres suffisants pour couvrir leurs risques (solvabilité) et qu’ils peuvent faire face à leurs engagements à court terme (liquidité).  

Prévenir et gérer les crises (résolution bancaire et assurantielle)

Depuis 2013, l’ACPR est l’autorité de résolution nationale. Elle est chargée d’anticiper et de gérer les défaillances d’établissements bancaires ou d’organismes d’assurance pour en limiter l’impact. Cela passe par l’élaboration de plans préventifs de rétablissement et de résolution et, si nécessaire, la mise en œuvre de mesures de résolution spécifiques (« bail-in », cession d’activités, établissement-relais).  

Lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme

L’ACPR joue un rôle important dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT). Elle contrôle que les organismes assujettis mettent en place des dispositifs de vigilance et de détection appropriés, conformément aux exigences légales.  

Comment l’ACPR est-elle organisée ?

L’organisation interne de l’ACPR est conçue pour garantir son efficacité et l’impartialité de ses décisions, notamment en séparant les fonctions de supervision, de résolution et de sanction. Pour plus d’informations, consultez les détails sur le statut et l’organisation de l’ACPR.  

Le collège de supervision (organe exécutif)

C’est l’organe principal de décision de l’ACPR pour la supervision. Présidé par le Gouverneur de la Banque de France, il rassemble 19 membres aux profils variés (représentants de la Banque de France, de l’AMF, de l’Autorité des normes comptables, magistrats, personnalités qualifiées des secteurs bancaire et assurantiel, représentants nommés par le Parlement). Il se réunit en formation plénière pour les questions générales, en formation restreinte ou en sous-collèges sectoriels (banque et assurance) pour les décisions individuelles.  

Le collège de résolution (gestion des crises)

Créé en 2013, cet organe spécifique est chargé de préparer et de mettre en œuvre les mesures de résolution pour les établissements en difficulté. Sa composition est plus resserrée (8 membres incluant le Gouverneur de la Banque de France, le Directeur Général du Trésor, le président de l’AMF, etc.) pour permettre une réaction rapide en cas de crise. Il dispose d’une certaine autonomie structurelle au sein de l’ACPR.  

La commission des sanctions (pouvoir disciplinaire indépendant)

Totalement distincte des collèges de supervision et de résolution, la commission des sanctions est l’organe chargé de prononcer les sanctions disciplinaires en cas de manquement à la réglementation. Composée de 6 membres (magistrats du Conseil d’État et de la Cour de cassation, personnalités qualifiées), son indépendance est garantie par l’incompatibilité de ses membres avec ceux des autres collèges. Elle statue après une procédure contradictoire.  

Le rôle du secrétariat général

Dirigé par le Secrétaire Général (nommé par arrêté ministériel sur proposition du président de l’ACPR), il organise et dirige les services de l’Autorité. Il est responsable de la mise en œuvre des contrôles sur pièces et sur place et prépare les décisions des collèges. Un directeur de la résolution distinct gère les services dédiés à cette mission.  

Quels sont les principaux pouvoirs de l’ACPR ?

Pour mener à bien ses missions, l’ACPR dispose d’un large éventail de pouvoirs, allant de l’autorisation à la sanction. Pour en savoir plus sur les pouvoirs de l’ACPR.

Pouvoir d’agrément et de retrait d’agrément

Comme mentionné, l’ACPR délivre les agréments nécessaires pour exercer une activité bancaire, d’assurance ou certains services d’investissement. Elle peut également retirer cet agrément, soit à la demande de l’établissement, soit d’office en cas de non-respect des conditions, de cessation d’activité ou d’obtention frauduleuse. Ce retrait peut aussi être une sanction disciplinaire.  

Pouvoir de contrôle (sur pièces et sur place)

L’ACPR exerce une surveillance continue via le contrôle sur pièces (analyse des documents et informations transmis périodiquement par les établissements) et le contrôle sur place (vérifications dans les locaux des entités contrôlées). Les contrôleurs habilités disposent de larges pouvoirs d’investigation : accès aux documents, aux systèmes d’information, audition de toute personne nécessaire. Une charte du contrôle encadre ces pratiques.  

Pouvoir de police administrative (injonctions, mesures conservatoires…)

En cas de risque avéré ou potentiel pour la stabilité financière ou la protection des clients, l’ACPR peut prendre des mesures de police administrative. Celles-ci incluent :  

  • Mises en garde ou mises en demeure.  
  • Injonctions de prendre des mesures correctrices, éventuellement sous astreinte.  
  • Exigence d’un programme de rétablissement.  
  • Mesures conservatoires : limitation ou interdiction d’activités, suspension de la libre disposition des actifs, suspension ou révocation de dirigeants, désignation d’un administrateur provisoire.  

Pouvoir de résolution (gestion des défaillances)

En cas de défaillance avérée ou prévisible d’un établissement, le collège de résolution peut mettre en œuvre des mesures spécifiques. Ces mesures, dérogatoires au droit commun des entreprises en difficulté, visent à assurer la continuité des fonctions critiques et à minimiser l’impact systémique. Elles comprennent notamment :  

  • La cession d’actifs ou d’activités.  
  • La création d’un établissement-relais.  
  • Le renflouement interne (« bail-in ») par réduction ou conversion de certaines dettes et recapitalisation.  
  • La nomination d’un administrateur spécial.  

Pouvoir de sanction (disciplinaire)

En cas de manquement aux réglementations, la commission des sanctions peut prononcer des sanctions disciplinaires. Celles-ci peuvent être :  

  • Professionnelles : avertissement, blâme, interdiction d’effectuer certaines opérations, suspension ou démission d’office de dirigeants, retrait partiel ou total d’agrément.  
  • Pécuniaires : amendes pouvant atteindre des montants significatifs (jusqu’à 100 millions d’euros ou 10% du chiffre d’affaires selon les cas pour les personnes morales, et jusqu’à 5 millions d’euros pour les dirigeants). Ces sanctions peuvent être rendues publiques. Pour mieux comprendre les sanctions de l’ACPR.  

Dans quels cas faire appel à un avocat concernant l’ACPR ?

L’intervention d’un avocat compétent en droit bancaire et financier ou en droit des assurances peut être opportune dans plusieurs contextes liés à l’ACPR.

Procédure d’agrément ou de modification de situation

La constitution d’un dossier d’agrément (bancaire, financier, assurance) ou la gestion des notifications relatives aux modifications de situation (prise de participation, changement de dirigeants) sont des processus complexes. Un conseil juridique peut aider à préparer un dossier solide et à anticiper les exigences de l’Autorité.  

Contrôle de l’ACPR et suites éventuelles

Lorsqu’un établissement fait l’objet d’un contrôle sur pièces ou sur place, l’assistance d’un avocat permet de s’assurer du respect des procédures et des droits de l’établissement contrôlé. L’avocat peut également intervenir pour répondre au rapport de contrôle ou contester d’éventuelles mesures de police administrative.  

Procédure de sanction devant la commission des sanctions

Si une procédure disciplinaire est engagée, la représentation par un avocat est fortement recommandée. L’avocat assiste l’établissement et/ou ses dirigeants pour répondre à la notification des griefs, préparer la défense, présenter les observations lors de l’audience et, le cas échéant, former un recours contre la décision de sanction devant le Conseil d’État.  

Mesures de police ou de résolution impactant votre établissement

Face à une mesure de police administrative (injonction, mesure conservatoire, désignation d’administrateur) ou à une mesure de résolution, un avocat peut analyser la légalité de la décision, conseiller sur les suites à donner et engager les recours appropriés, même si ces derniers sont encadrés en matière de résolution.  

Contentieux lié à une décision de l’ACPR

Toute décision individuelle de l’ACPR (refus d’agrément, mesure de police, etc.) peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’État. Un avocat peut évaluer les chances de succès d’un tel recours et le conduire.  

Naviguer dans l’environnement réglementaire complexe supervisé par l’ACPR requiert une compréhension fine des règles et des procédures. Si vous êtes confronté à une situation impliquant l’ACPR et nécessitez une assistance juridique banque ou assurance, notre cabinet peut vous accompagner.

Pour une analyse approfondie de votre situation et un conseil adapté, prenez contact avec notre équipe d’avocats.

Foire aux questions

Qu’est-ce que l’ACPR ?

L’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) est l’organe français chargé de superviser les secteurs de la banque et de l’assurance. Elle veille à la stabilité financière et à la protection des clients.  

Quelles sont les missions principales de l’ACPR ?

Ses missions incluent l’agrément des acteurs, la surveillance de leur solidité financière, le contrôle du respect des règles, la prévention et la gestion des crises, et la lutte contre le blanchiment.  

Qui contrôle l’ACPR ?

L’ACPR est adossée à la Banque de France mais autonome. Ses décisions peuvent être contestées devant le Conseil d’État.  

L’ACPR peut-elle imposer des sanctions ?

Oui, sa commission des sanctions peut imposer des sanctions disciplinaires et pécuniaires aux établissements et dirigeants en cas de manquement à la réglementation.  

Quand faut-il consulter un avocat spécialisé en droit bancaire ?

Il est conseillé de consulter un avocat lors d’une demande d’agrément, en cas de contrôle, de procédure de sanction, de mesure de police/résolution, ou pour contester une décision de l’ACPR.   Sources et contenu associé

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